Dans une interview au Guardian, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué l’éventualité d’échanger des territoires en amont de sa visite à la conférence sur la sécurité de Munich. Il devrait y rencontrer le vice-président américain J.D. Vance et ce, alors que le président américain Donald Trump multiplie des déclarations qui ont de quoi inquiéter à Kiev comme lorsque ce dernier envisage une Ukraine russe. Les frappes de missiles et de drones lancés par Moscou sur Kiev montrent en tout cas que le président russe ne « se prépare pas à la paix », a affirmé Volodymyr Zelensky ce mercredi 12 février.
De notre correspondante à Kiev,
Volodymyr Zelensky évoque la possibilité d’un échange de territoires. Dans ces déclarations, le président ukrainien répète une chose maintes fois répétée ici : le but de Kiev est de récupérer ses territoires tels que reconnus par la communauté internationale. Cela veut dire récupérer tout ou partie des territoires illégalement occupés par la Russie. Il y a les régions de Donetsk, Luhansk et la Crimée mais aussi les parties occupées de la région de Zaporizhzhia, Kherson et Kharkiv.
En parlant d’échange, Volodymyr Zelensky a bien dit que pour le moment il n’était pas encore question de déterminer quel territoire serait concerné. Mais pour se donner la possibilité d’un tel échange, cela fait plus de six mois que l’Ukraine est passée à l’offensive dans la région de Koursk et occupe une partie du territoire russe. Depuis le début de ces opérations en août dernier, il n’a jamais été question pour l’Ukraine d’occuper ce territoire russe mais bien de s’en servir comme monnaie d’échange, en plus d’utiliser cette offensive comme moyen de détourner une partie des troupes russes des régions ukrainiennes de la ligne de front.
L’hypothèse d’un cessez-le-feu
Volodymyr Zelensky affirme aussi que, seule, l’Europe ne pourra pas offrir les garanties de sécurité suffisantes à l’Ukraine en cas de cessez-le-feu. Cela reste une hypothèse puisque rien n’est acté. Mais si on se projette dans celle d’un cessez-le-feu, il faut rappeler que l’Ukraine, actuellement, refuserait cette option tant qu’elle estime ne pas avoir des garanties de sécurité suffisantes.
Pour Volodymyr Zelensky, si ces garanties sont assurées par les Européens seuls, cela ne sera pas suffisant. Il cite les livraisons de système de défense anti-aériens Patriot comme exemple pour illustrer l’importance de la contribution des États-Unis à la défense ukrainienne avec de l’équipement inégalé en performance côté européen.
La peur en Ukraine est que tout cessez-le-feu qui ne sera pas accompagné de garanties ne sera qu’une occasion pour Vladimir Poutine de regrouper ses troupes pour relancer une attaque contre l’Ukraine lorsqu’il en estimera la Russie capable. Du point de vue de Kiev, c’est cette option qui doit être exclue en cas de pourparlers.
Une rencontre entre Zelensky et Vance à Munich
La conférence sur la sécurité de Munich va s’ouvrir. On y attend le président ukrainien mais aussi le vice-président J.D. Vance. Cette rencontre va marquer un moment important de la relation entre Kiev et Washington. J.D. Vance lorsqu’il était sénateur, a maintes fois exprimé du mépris envers l’Ukraine et envers son président. Il avait d’ailleurs refusé de le rencontrer lorsqu’il était sénateur et avait déclaré n’avoir que faire du sort de l’Ukraine quoiqu’il s’y passe.
Mais J.D. Vance sera à Munich en qualité de vice-président de Donald Trump. Ce dernier a compris qu’il pourrait y avoir un intérêt économique pour lui et pour les États-Unis à soutenir l’Ukraine, notamment en exploitant les ressources en minerais rares du pays sous agression russe depuis 2014. Des ressources notamment en lithium et en titanium sur lesquelles Washington ou Bruxelles d’ailleurs préféreraient avoir la mainmise plutôt que de les voir passer dans des mains russes ou chinoises. C’est d’ailleurs pour cela que le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent se rendra prochainement en Ukraine tout comme Keith Kellogg, l’envoyé spécial des États-Unis dans le pays.
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