Les réactions n’ont pas tardé à tomber, suite aux propos du ministre des Collectivités territoriales, Oumar Guèye, estimant que les villes, en tant qu’entités territoriales, ne doivent plus exister, mais plutôt les communes et les départements. A Dakar, les conseillers municipaux sont unanimes à faire part de leur opposition. À Rufisque, on réclame plutôt un statut «spécial» pour les villes, tandis qu’à Thiès, les avis restent partagés

«Il est impensable que la capitale du Sénégal ne soit pas une ville, ce serait une expérience unique au monde.» Telle est la réponse servie par Moussa Sow, conseiller municipal à la Ville de Dakar et président de la commission juridique, suite aux propos du ministre Oumar Guèye sur la suppression de la Ville de Dakar. Le ministre des Collectivités territoriales estime que le Code général des collectivités locales ne reconnaît pas la ville, mais plutôt les communes et les départements et, de ce fait, la ville n’a plus «sa raison d’être». Un raisonnement qui paraît «peu convaincant» aux yeux des élus de Dakar.

Babacar Thioye Bâ, conseiller spécial du maire de Dakar, est le premier à monter au créneau. «Dire que le Code général des collectivités territoriales ne prévoit que le département et la commune comme collectivités territoriales, c’est soit de la mauvaise foi caractérisée, soit une ignorance coupable des dispositions qui régissent la décentralisation dans notre pays», dit-il dans un communiqué. Moussa Sow de rappeler que Dakar a aujourd’hui une histoire datant de 150 ans qu’il ne faudrait pas sous-estimer. «Dakar raconte l’histoire du Sénégal et pas le contraire. Dakar est la seule ville de l’Afrique francophone, capitale de l’Aof avant même d’être la capitale du Sénégal», fait-il savoir, ajoutant que ce pan de l’histoire doit être pris en compte par le gouvernement.

Ensuite, souligne-t-il, avec un budget de 50 milliards de FCfa et 700 millions de FCfa de masse salariale par mois et plus de 5.000 agents, l’Etat a plutôt intérêt à capitaliser les «atouts» de Dakar que de les marginaliser. Toujours, selon lui, si une suppression de Dakar arrivait, les conséquences seraient incalculables. «Qui va gérer l’état civil ? Qui va gérer le plan général d’occupation des sols, les projets d’aménagement généraux (les projets communs) ? Lorsqu’on a créé la ville, on lui a donné une mission : mutualiser les compétences. Mais, les communes ne sont pas d’égale force», soutient M. Sow.

Pour en arriver à ces conséquences, le maire de Rufisque Est, Boubacar Albé Ndoye, souhaite un maintien des villes en tant qu’entités territoriales, tout en leur donnant un nouveau statut. «Supprimer les villes, c’est trop dire. Il faut un statut spécial pour les villes et ensuite faire en sorte que les collectivités territoriales puissent bénéficier des ressources propres de leur collectivité et que la ville ait ses propres ressources comme le département, par exemple», suggère ce dernier. Entre les villes et les communes, ajoute-t-il, il y a souvent un mélange de compétences qu’il faut résoudre une bonne fois pour toute.

Maguette NDONG

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