Le réalisateur français Jean-Marie Mallet, ”fils adoptif” de Doudou Ndiaye Rose (1930-2015) a présenté, mardi, son film ‘’Sunu yoon, notre chemin’’, un documentaire rendant hommage au tambour major sénégalais décédé en août 2015 à l’âge de 85 ans, à travers un récit de son riche parcours artistique et familial.
Cette aventure avec celui que le cinéaste appelle familièrement ‘’Pape Doudou’’ a commencé en 1989 lorsque Jean-Marie Mallet a participé à un échange culturel entre des musiciens sénégalais et français.
‘’On était mis en relation avec des artistes sénégalais. Et là, je vais au quartier Gueule Tapée où on m’a dit qu’il y avait des batteurs qui y jouaient. C’était Doudou Ndiaye-Rose et sa famille. Et quand je les ai vus, j’ai dit, waouh ! C’est quoi ça ? Et tout de suite, je me suis dit, il faut que je revienne’’, se rappelle le réalisateur en présence de plusieurs héritiers du percussionniste Sénégalais venus voir ce film au cinéma Pathé à Dakar.
Ce retour volontaire dans l’intention d’apprendre à battre le tam-tam et à danser, finira par l’intégration de Jean-Marie Mallet en 1994 au sein de cette troupe familiale comme un membre à part entière.
Le film relate la vie d’un artiste hors pair qui a embarqué dans son parcours professionnel l’ensemble de sa famille et initié les femmes à la percussion.
Au fil des images d’archives qui retracent son parcours atypique, le spectateur découvert le long chemin artistique de Doudou Ndiaye Rose classé en 2006 ‘’trésor humain vivant’’ par l’UNESCO en plus d’intégrer la world music en collaborant avec des artistes de renom du monde entier.
Le film montre la fulgurante ascension du tambour major prédit par Joséphine Baker [chanteuse et danseuse française] venue à Dakar, sur les scènes du monde.
Doudou Ndiaye Rose fait la première du groupe de rock britannique ‘’The Rolling stores’’, participe au bicentenaire de la révolution française de 1989, collabore à la bande du son de Peter Gabriel pour le film ‘’La dernière tentation du Christ” de Martin Scorsese, anime l’ouverture du festival de Cannes avec ses rosettes, au Japon, en Inde, en Chine, aux Etats Unis, etc.
Sa prestation du 4 avril 1960 à Dakar, son passage à Mudra Afrique, les Majorettes et aux ballets nationaux, entre autres sont retracés dans le film.
Le documentaire qui dresse le portrait d’un humaniste, d’un transmetteur de savoir-faire détenu par sa lignée de griot qui, au soir de sa vie à Palmarin dans le Sine Saloum, fait un flash-back sur ce chemin parcouru.
Désigné pour raconter ‘’la vie incroyable’’ de Pape Doudou, le réalisateur Jean-Marie Mallet dit porter ce projet depuis 2015.
‘’En 2014 à l’occasion d’une conversation avec Doudou Ndiaye Rose, j’ai dit : Papa Doudou tu as un parcours de vie incroyable, il faudrait que quelqu’un raconte ton histoire. Il m’a répondu +fais-le+’’. Ce fut le point de départ de l’histoire de ce film’’, souligne M. Mallet qui s’est appuyé sur Moustapha, Birame Ndiaye et les autres membres de la famille pour faire ce film.
Le directeur de la Culture, Abdou Diatta et le directeur de la Cinématographie Germain Coly, représentants la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, ont salué ‘’ce travail de mémoire qui célèbre justement un des plus dignes fils du Sénégal et de l’Afrique’’.
‘’Au nom de madame le ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, je voudrais donc dire (…) la reconnaissance que l’Etat du Sénégal a pour ce travail de mémoire. Doudou Ndiaye Rose est intemporelle, Doudou Ndiaye-Rose traverse les frontières, traverse les générations. Le Sénégal a essayé de lui rendre hommage en donnant son nom au Grand Théâtre national de Dakar’’, a déclaré M. Coly.
Pour lui, le Sénégal a essayé de célébrer Doudou Ndiaye Rose mais, c’est toute l’Afrique qui célèbre Doudou Ndiaye-Rose.
‘’Je suis content que Jean-Marie qui est son fils, puisse travailler pendant toutes ces années à fixer la mémoire, à fixer tout ce que cet homme a fait pour l’humanité’’, dit-il.
Le film ‘’Sunu yoon, notre chemin’’ sort en salle, vendredi.
APS