Sécurité Énergétique en Mutation : Les Enseignements du Sommet AIE-Royaume-Uni

Sommet sur l’Avenir de la Sécurité Énergétique
Lancaster House, Londres, 24-25 avril 2025

L’Agence internationale de l’énergie (AIE), en partenariat avec le gouvernement britannique,
a organisé un sommet représentatif au niveau mondial, réunissant 60 gouvernements et 65
chefs d’entreprise, des organisations internationales, la société civile et d’autres acteurs clés,
afin de discuter de la manière de répondre à la nature changeante de la sécurité énergétique.
Lors de la réunion ministérielle de 2024, les ministres de l’AIE ont demandé des recherches et
des informations sur l’avenir de la sécurité énergétique, et ce sommet a été le premier
événement mondial à répondre à cette demande.
Vous trouverez ci-dessous un résumé des débats publié sous l’autorité des coprésidents, le
très honorable Ed Miliband MP, secrétaire d’État britannique chargé de la sécurité énergétique
et de Net Zero, et le Dr Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie.
La nature changeante et les multiples dimensions de la sécurité énergétique
Nos principaux intervenants, le premier ministre Starmer et la présidente von der Leyen, nous
ont dit que la sécurité énergétique est essentielle pour la sécurité nationale et qu’il est
important d’agir ensemble et de coopérer pour relever ces défis communs. Le sommet a été
l’occasion d’examiner les tendances qui redéfinissent la sécurité énergétique mondiale,
notamment l’évolution de la demande, de l’offre et du commerce d’énergie, l’adoption de
technologies énergétiques propres et les implications pour le système énergétique dans son
ensemble. Le sommet a également donné lieu à des discussions sur les divers défis en matière
de sécurité énergétique auxquels sont confrontés les différents pays, notamment l’énergie en
tant que moteur de la croissance et l’importance de l’accès à une énergie abordable, ainsi que
les transitions énergétiques justes.
Le sommet a débattu du fait que l’énergie sous toutes ses formes étant à la base du
développement humain et économique, l’obtention d’une énergie sûre, abordable et durable
pour tous reste une priorité fondamentale dans les années à venir, et ne devrait jamais être
considérée comme acquise. Si l’efficacité et la diversification des combustibles, des
technologies énergétiques et des voies d’approvisionnement restent des stratégies
traditionnelles essentielles pour accroître la sécurité énergétique, les participants ont noté la
complexité et l’interdépendance accrues des systèmes énergétiques actuels et futurs. Ils ont
appelé à de nouvelles approches, à une portée élargie et à des dimensions multiples de la
sécurité énergétique, y compris les chaînes d’approvisionnement en minéraux et composants
critiques. En cette période d’instabilité mondiale, la solution ne consiste pas à défendre le statu
quo, mais dépend du changement et de la coopération avec les autres.
Il a été reconnu que le paysage énergétique mondial a continué à changer ces dernières
années avec l’émergence de nouvelles technologies, des interdépendances accrues et des
chaînes d’approvisionnement plus complexes, ainsi qu’une croissance rapide de la demande
d’électricité. Les sources d’énergie propres – notamment l’énergie éolienne, solaire et nucléaire

• continuent de jouer un rôle croissant dans les systèmes énergétiques. Cela permet de

diversifier l’approvisionnement en énergie, d’exploiter les ressources nationales, de réduire la
dépendance à l’égard des importations et de protéger les contribuables de la volatilité des
marchés des combustibles fossiles. Elles contribuent également à stimuler la croissance
économique, à créer de nouvelles industries et de nouveaux emplois, et à lutter contre le
changement climatique. Les participants ont également souligné la nécessité de continuer à
équilibrer la production et la consommation de combustibles fossiles.
L’évolution du paysage énergétique s’accompagne d’une modification de la nature de la
sécurité énergétique. Dans le même temps, le directeur exécutif de l’AIE a souligné les « trois
règles d’or » de la sécurité énergétique qui n’ont pas changé : la diversification, la prévisibilité
et la coopération. Le secrétaire d’État britannique a déclaré que les défis communs appellent
des solutions communes et que la coopération multilatérale peut nous rendre plus forts, et non
plus faibles, tout en soulignant que chaque pays a sa propre voie nationale. Ce que l’on a
entendu à maintes reprises, c’est l’importance d’agir ensemble et de coopérer pour relever ces
défis communs.
Pendant deux jours, les thèmes suivants ont été abordés :
Établir une approche holistique de la sécurité énergétique
Dans le contexte de la nature changeante des systèmes et des relations énergétiques, les
participants ont discuté des risques majeurs, des menaces émergentes et des vulnérabilités
pour la sécurité énergétique à court et à long terme. Ils ont également étudié des réponses
efficaces, ainsi que la possibilité d’élargir le champ d’application et les principes de la sécurité
énergétique afin de s’aligner sur les risques, les solutions et les opportunités à venir. Il a été
noté qu’une approche holistique devrait aborder en même temps la sécurité de
l’approvisionnement énergétique, l’augmentation de la compétitivité et la décarbonisation, et
que le fait de se concentrer exclusivement sur l’une de ces dimensions conduit à des résultats
sous-optimaux. Les participants ont noté la nécessité de mettre davantage l’accent sur les
nouvelles dimensions de la sécurité énergétique liées aux technologies nouvelles et en
expansion, tout en restant vigilants quant aux risques associés à l’approvisionnement en
pétrole et en gaz naturel. Ils ont examiné certains des principaux défis émergents, notamment
l’importance de s’attaquer aux phénomènes météorologiques extrêmes et à la cybersécurité,
ainsi que les possibilités offertes pour faire en sorte que la sécurité et la résilience soient
intégrées dans les nouveaux systèmes énergétiques.

Sécurité du pétrole et du gaz dans le cadre d’une transition juste et équitable
Les participants ont noté que le pétrole et le gaz resteront nécessaires dans les années à
venir, même si les pays utilisent davantage les énergies renouvelables, l’énergie nucléaire et
les technologies énergétiques nouvelles et émergentes. Les participants ont suggéré que les
mesures traditionnelles de sécurité de l’approvisionnement, telles que les stocks stratégiques
de pétrole et la limitation de la demande, soient maintenues, renforcées et adaptées à la nature
changeante des marchés du pétrole et du gaz. Il a été noté qu’il reste important de surveiller
les marchés pour garantir la sécurité et le caractère abordable de ces approvisionnements, et
de veiller à ce que des investissements suffisants soient réalisés dans la décarbonisation tout
au long des chaînes d’approvisionnement en pétrole et en gaz, afin de réduire les émissions
liées à leur production ; à cet égard, la stabilité politique a été jugée importante pour mobiliser
ces investissements. Le secteur doit veiller à ce que les infrastructures mises hors service le
soient de manière responsable, et les gouvernements doivent mettre en place des mesures
pour garantir que les travailleurs qualifiés puissent être redéployés et, le cas échéant, recevoir
une formation supplémentaire dans le cadre d’une transition juste.

Énergie et sécurité économique
Les participants ont discuté de la façon dont l’accès à l’énergie et l’accessibilité financière
représentent certains des plus grands défis auxquels les sociétés sont confrontées aujourd’hui,
avec des impacts considérables sur la sécurité énergétique mondiale et la compétitivité
économique. L’accès à l’énergie a été l’une des principales questions abordées. Dans le
monde, près de 700 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité, tandis que plus de 2
milliards n’ont pas accès à une cuisine propre, l’Afrique subsaharienne étant la plus touchée.
En outre, ceux qui ont accès à l’énergie n’ont pas toujours les moyens de se l’offrir, ce qui est
vrai partout dans le monde. Dans les économies avancées, les 10 % de ménages les plus
modestes dépensent en moyenne près d’un quart de leur revenu disponible pour l’énergie et
doivent souvent renoncer à d’autres biens et services essentiels. Cette situation pèse
lourdement sur les économies, la santé et le développement sociétal en général, la pauvreté
énergétique touchant de manière disproportionnée les femmes et les groupes marginalisés.
Néanmoins, l’émergence de nouvelles technologies d’énergie propre a ouvert des opportunités
pour les pays qui ne disposaient pas auparavant de ressources énergétiques naturelles de
construire des industries énergétiques nationales soutenant la croissance économique et la
sécurité énergétique. Les participants ont noté les économies significatives résultant du
déploiement rapide des énergies renouvelables et des systèmes électriques interconnectés,
qui sont estimées à environ 60 milliards d’euros par an en Europe. En outre, ils ont discuté de
l’opportunité que représente l’accès aux ressources énergétiques distribuées pour les
populations isolées. Les participants ont pris acte des travaux fructueux menés actuellement
par l’AIE sur la cuisson propre et la garantie de transitions équitables et abordables, et ont
encouragé la poursuite des travaux sur l’accessibilité financière.
Exploiter le potentiel de la technologie et de l’innovation
Les participants ont noté que l’innovation technologique peut résoudre des problèmes
sociétaux complexes. En outre, ils ont réaffirmé le rôle fondamental de la technologie et de
l’innovation pour garantir la sécurité énergétique, que ce soit en ouvrant de nouvelles sources
d’approvisionnement ou en contribuant à rendre les réseaux énergétiques plus efficaces, plus
souples et plus résistants aux perturbations. La technologie et l’innovation sont des piliers
essentiels de la compétitivité économique et sont importantes pour garantir que
l’approvisionnement en énergie reste abordable et que les incidences sur l’environnement
soient réduites au minimum. L’élaboration de cadres réglementaires et commerciaux
favorables est essentielle pour débloquer l’innovation technologique. Les participants ont
souligné les nombreuses implications de l’intelligence artificielle (IA) pour la croissance de la
demande d’énergie et l’avenir de la sécurité énergétique. Ils ont également mis l’accent sur les
avantages potentiels multiples et considérables que l’IA peut apporter pour accélérer
l’innovation et offrir de nouveaux moyens de renforcer la sécurité énergétique. Les participants
ont souligné le travail de pointe de l’AIE sur les données et l’analyse dans le domaine de la
technologie et de l’innovation, y compris l’IA, et la nécessité d’améliorer encore le partage des
connaissances et la collaboration internationale pour mettre plus rapidement les nouvelles
technologies sur le marché, y compris lors du Forum de l’innovation énergétique de l’AIE.
Garantir la sécurité à l’ère de l’électricité
Les participants ont souligné qu’à mesure que le rôle de l’électricité s’étend à tous les secteurs
et à toutes les économies, la sécurité de l’approvisionnement doit être considérée non
seulement comme un défi technique, mais aussi comme une question d’importance
stratégique. Ils ont reconnu que les énergies renouvelables et nucléaires ont contribué à la
diversification et à la sécurité énergétique en réduisant l’exposition à la volatilité des marchés,
tout en permettant aux consommateurs de réaliser des économies substantielles. Les

participants ont mis en évidence les mesures clés nécessaires pour relever les défis de
l’évolution des systèmes énergétiques en transition, en insistant particulièrement sur le rôle
crucial des réseaux. Les participants ont également noté l’importance d’augmenter de manière
significative la flexibilité des systèmes afin d’assurer une intégration sûre et rentable d’une part
importante d’énergies renouvelables variables, ainsi que de traiter les vulnérabilités
cybernétiques dans des systèmes électriques de plus en plus numérisés. Ils ont souligné le
rôle essentiel des décideurs politiques dans l’établissement de visions stratégiques à long
terme, l’amélioration de la planification stratégique, la réforme des cadres réglementaires et la
conception du marché afin de fournir la prévisibilité nécessaire pour stimuler l’investissement.
Les participants ont discuté de l’importance d’une flexibilité d’investissement proactive, y
compris une infrastructure de réseau renforcée et étendue, associée à une interconnexion
régionale, à un stockage abordable et à la libération du potentiel des ressources liées à la
demande. Ils ont fait remarquer que ces approches constituent le meilleur moyen de faire face
aux risques liés à la sécurité de l’électricité et de tirer parti d’un avenir de plus en plus électrifié.
Ils ont encouragé l’AIE à développer ses travaux sur la sécurité de l’électricité, notamment par
l’intermédiaire du groupe de travail sur la sécurité de l’électricité nouvellement créé.
Sécuriser les nouvelles chaînes d’approvisionnement en énergie propre
L’évolution du système énergétique mondial exige une approche évolutive de la sécurité
énergétique, qui tienne compte de l’interconnexion fondamentale des chaînes
d’approvisionnement en énergie propre, depuis l’extraction et le raffinage des minéraux
essentiels jusqu’à la fabrication des technologies énergétiques. Alors que la demande pour
ces technologies augmente, les participants ont discuté de la nécessité de garantir une chaîne
d’approvisionnement diversifiée et durable qui distribue les énormes avantages de la transition
vers l’énergie propre de la manière la plus équitable possible. Alors que les technologies
naissantes et émergentes développent leurs chaînes d’approvisionnement complexes, les
pays explorent les possibilités de participer à la chaîne de valeur qui s’étend de l’extraction
des minéraux essentiels à la fabrication des technologies. Il est essentiel de reconnaître la
diversité des points de vue et des positions des pays, notamment lors de l’adoption de mesures
mondiales visant à renforcer les chaînes d’approvisionnement et à élaborer des données
claires et précises. Les participants ont pris acte du travail de l’AIE sur ces questions et l’ont
invitée à poursuivre ses efforts pour améliorer la sécurité et la diversité des chaînes
d’approvisionnement en technologies propres et pour favoriser la transparence des données,
en particulier pour les minerais essentiels.
Gestion des risques liés aux catastrophes naturelles, aux conditions météorologiques
extrêmes et au changement climatique
Les participants ont discuté de la manière dont la sécurité énergétique est inextricablement
liée à la sécurité économique, à la sécurité nationale et à la sécurité climatique. Les
catastrophes naturelles et les phénomènes météorologiques extrêmes représentent une
menace croissante et importante pour les infrastructures énergétiques, et les participants ont
fait part de leur expérience personnelle de leurs conséquences. Le changement climatique
exacerbe ces risques. L’identification et l’atténuation des risques, y compris la communication
de données sur les perturbations et la communication entre les pays, l’industrie et les
organismes gouvernementaux, seront essentielles pour la sécurité énergétique. Les
interventions ont mis l’accent sur le rôle de l’eau et de la pénurie d’eau dans la sécurité
énergétique. Les participants ont également noté qu’avec l’accélération de l’électrification, il
sera de plus en plus important d’améliorer la résilience des réseaux. Il a été noté que le retard
dans l’action et l’augmentation de la température mondiale qui en découle augmentent le défi
technique et le coût du déploiement d’une infrastructure résistante au climat. En conséquence,
ils ont souligné l’importance d’accélérer les progrès vers des objectifs tels que ceux de la COP

28, à savoir tripler la capacité renouvelable et doubler les améliorations de l’intensité de
l’efficacité énergétique. Les participants ont demandé à l’AIE de procéder à une évaluation des
risques actuels et futurs comme première étape pour améliorer la résilience à ces dangers.