Face aux difficultés causées par la pandémie de la Covid-19, le ministère du Tourisme et des Transports aériens a présenté, lundi, à des ministères sectoriels, son plan d’actualisation de la stratégie de développement du secteur touristique. Il est prévu 25 chantiers prioritaires avec un budget estimé à 840 milliards de FCfa.

Demba DIENG et Daryl AUBRY (Stagiaire)

Malgré la crise de la Covid-19, le Sénégal est en pleine relance de l’activité touristique. C’est dans ce cadre que le ministre du Tourisme et des Transports aériens a eu, lundi, une séance de travail avec les ministres en charge de la Culture et de la Communication ; des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement du territoire ; de l’Emploi de la Formation professionnelle et de l’Artisanat ; de l’Environnement et du Développement durable ; de l’Urbanisme et de l’Hygiène publique. « Nous avons tenu à travailler avec tous les départements ministériels qui tournent autour du tourisme pour évoquer les différentes interventions pour le développement du secteur touristique », a indiqué Alioune Sarr. Cette stratégie tourne autour de cinq axes : le patrimoine, l’expérience, la vente et distribution, l’institution et les infrastructures. Le premier volet concerne les richesses touristiques, culturelles et historiques. C’est, entre autres, la réhabilitation de sept sites classés patrimoine mondiale de l’Unesco, la valorisation du patrimoine des régions ainsi que la création d’une identité propre à chaque territoire. Sans oublier la conception d’un calendrier événementiel valorisant les événements culturels tout au long de l’année. Quant aux projets infrastructurels, ils tournent autour de 25 chantiers avec un budget estimé à 840 milliards de FCfa à l’horizon 2025. À travers cette politique touristique, la tutelle souhaite passer de 485 milliards de FCfa de recettes en 2017 à 985 milliards de FCfa en 2025. Concernant les emplois, l’objectif est de passer à trois millions de postes en 2025. Tout cela vise, selon le ministre, à créer des sites touristiques attractifs qui propulsent le tourisme local. Cette orientation va avec la disponibilité de guides touristiques compétents. « Tout le monde ne peut pas être guide. Il faut un profilage pour avoir des guides à la hauteur, capables d’expliquer l’histoire des différents sites aux touristes », a précisé Alioune Sarr.

S’appuyer sur les territoires

Le marketing territorial est l’un des points d’appui de la relance touristique. Une stratégie qui place les territoires au cœur de l’activité. C’est ce qui a justifié la présence du ministre des Collectivités territoriales, Oumar Guèye, et le président de l’Association des maires du Sénégal, Aliou Sall, à cette cérémonie. À en croire M. Guèye, les communes et départements ont un grand rôle à jouer dans les politiques touristiques. « Le pays ne peut se développer qu’à partir des territoires. Il faut impliquer davantage les élus locaux pour développer le tourisme », a-t-il indiqué. Dans la relance de l’activité touristique à partir des territoires, Oumar Guèye est d’avis qu’il faut s’appuyer sur le plan d’aménagement du territoire, un important document de planification. L’autre recommandation qui a émané de ces échanges entre ministères sectoriels, c’est l’organisation des festivals communaux pour mettre en exergue les richesses culturelles du pays. Pour le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, l’une des meilleures options est de privilégier le tourisme local pour ne pas souffrir des aléas mondiaux. Dès lors, il a jugé pertinent de travailler pour une appropriation des cultures spécifiques aux terroirs. Sans oublier la valorisation des figures emblématiques de chaque localité. « Nous avons de merveilleux sites. Il faut les rendre attractifs à travers la valorisation des richesses culturelles des différents territoires », a t-il proposé. De l’avis du ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall, il est nécessaire de faire connaître aux Sénégalais les richesses du Sénégal. À ce titre, il a cité des « sites merveilleux à l’instar des parcs du Niokolo Koba, du Djoudj, le Delta du Saloum » qui, a-t-il indiqué, doivent être mieux connus et fréquentés.

Un plan de nettoiement des zones touristiques

« Un client insatisfait informe au moins cinq clients ». C’est la conviction du ministre de l’Environnement et du Développement durable. Il abordait la propreté des plages et la gestion environnementale des sites touristiques du pays. « Le Programme zéro déchet est important pour développer le tourisme. Il est fondamental de s’orienter vers le nettoiement des plages et la lutte contre les déchets plastiques et la pollution visuelle », a indiqué Abdou Karim Sall. Son collègue de l’Urbanisme et de l’Hygiène publique, Abdou Karim Fofana, est allé dans le même sens. À l’en croire, des efforts sont en train d’être faits pour en finir avec les dépôts sauvages, particulièrement à la plage d’Hydrobase de Saint-Louis. À cela s’ajoute l’élargissement du concept plage propre à travers un plan d’urgence de nettoiement des zones touristique par l’Ucg (Unité de coordination et de gestion des déchets). Abordant le même sujet, le maire de Dakar, Soham Wardini, a estimé qu’il faut faire de la salubrité une priorité afin d’attirer le maximum de touristes.

Développer le transport domestique

Pour promouvoir le tourisme local, il faut irrémédiablement développer le transport aérien domestique. C’est la conviction du maire de Toubacouta, Pape Seydou Dianko. Se félicitant d’une grande affluence actuellement notée dans ce site touristique, il a soutenu qu’il faut davantage décentraliser les offres de Transair. « Il faut explorer d’autres zones, en dehors de Ziguinchor. Ainsi, les Sénégalais auront une plus grande envie de voyager », a dit M. Dianko. Il est renforcé dans son plaidoyer par l’édile de la capitale. Soham Wardini a conseillé au ministre du Tourisme et des Transports aériens d’œuvrer pour la multiplication des dessertes domestiques. Répondant à cette interpellation, le directeur d’Air Sénégal, Ibrahima Kane, a rappelé le programme de rénovation des aéroports de Matam, Ourossogui, Kédougou, Saint-Louis et Tambacounda pour développer davantage le transport domestique, avec une combinaison route-aéroport dans le cadre de l’activité touristique.

Vivifier les sites artisanaux

L’artisanat est au cœur de la relance touristique. C’est un puissant levier, selon le ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Artisanat, Dame Diop. Cependant, a-t-il déploré, les villages artisanaux sont, aujourd’hui, trop éloignés des sites touristiques. Une donne qui sera certainement corrigée, d’après lui, à travers cette stratégie. « Nous travaillons sur un projet de la Maison de l’artisan. Il faut que les élus territoriaux identifient des sites pouvant l’accueillir. Cela pourra ainsi régler les problèmes de sécurité et d’insalubrité », a-t-il avancé. L’autre faiblesse à prendre à compte, a renchéri Dame Diop, est le faible niveau des agents touristiques « qui, pour la plupart, sont des cousines ou des amies qui assurent le service à la place des experts ». « Cela a forcément un impact sur la qualité du service », a-t-il commenté. Évoquant l’expertise locale, l’autorité a émis le souhait de voir les artisans très qualifiés « équiper nos hôtels à partir du mobilier national ».

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