Le pape est mort ce 21 avril et l’émotion des chrétiens du monde entier est très vive. À commencer par la Vieille Ville de Jérusalem où les célébrations pascales sont endeuillées par la nouvelle qui a pris de court de nombreuses personnes. Pour les chrétiens de Gaza, que le pape appelait chaque soir, l’émotion se mêle aux souvenirs. Le pape François a souvent exprimé des préoccupations concernant la situation à Gaza, appelant à la paix, à la fin de la violence et à la protection des civils, en particulier des enfants. Mais cet héritage a un écho mitigé parmi les Palestiniens rencontrés dans la Vieille Ville de Jérusalem.
« On regarde un peu moins les informations. Avec les nouvelles de Gaza, les massacres, les morts d’enfants, on déprime », explique el-Haj Hashem el-Salaimeh, imam dans la Vieille Ville, apprenant la mort du pape au micro de notre envoyée spéciale Aabla Jounaïdi. L’homme de religion salue justement l’appel du pape François pour cesser le bain de sang à Gaza. « C’était un amoureux, un promoteur de la paix. Le monde est perdant lorsqu’un homme comme ça meurt. La haine et le chaos gagnent du terrain. Que Dieu lui accorde sa miséricorde », dit l’imam.
Un peu plus loin, près de la basilique du Saint-Sépulcre, Anton, un chrétien qui vend des bibelots rit jaune. Les appels du pape étaient aussi beaux que vains face à Israël. « Un lion, est-ce que ça écoute ? Non. Pourquoi ? Parce qu’il est fort. La paix, elle est où ? On fait la paix avec qui ? La paix pour qui ? », demande Anton.
Rami, venu de Bethléem avec sa famille, partage ce sentiment. « Pour la Semaine sainte, on nous donne des autorisations. Mais elles sont assorties de conditions à remplir pour pouvoir entrer et sortir de Jérusalem. Pour revenir, on doit faire tamponner un document. Et même à l’intérieur de la Cisjordanie, on ne peut pas aller facilement d’une ville à l’autre. On reste à Bethléem, depuis le début de la guerre. »
« Il se souciait de l’Église de Gaza »
Pour Munther Isaac, Palestinien, pasteur de l’Église luthérienne de Bethléem, le souverain pontife était un réel soutien des Palestiniens. « Pour nous, Palestiniens, sa solidarité et son attention sincère à la Palestine ont commencé bien avant la guerre à Gaza. En 2014, lorsqu’il est venu visiter Bethléem, nous n’oublierons jamais cette scène iconique lorsque le pape est sorti d’un coup de sa voiture et est allé prier contre le mur de séparation. C’est un moment qui a touché chaque Palestinien. »
RFI