Des jihadistes affiliés à l’organisation Etat islamique se sont emparés mardi soir d’une localité stratégique du nord du Mali au prix d’âpres combats avec d’autres groupes armés de la région et des jihadistes rivaux ayant fait allégeance à Al-Qaïda, ont indiqué un élu local, un responsable régional et un interlocuteur sur place.
Talataye, à environ 150 km de Gao, est régulièrement le théâtre de combats depuis le début du conflit malien en 2012, étant donné sa situation à la confluence des zones d’influence de différents groupes armés. Aucun bilan humain des combats n’était disponible mercredi matin.

Les combats de mardi illustrent la volonté d’extension territoriale manifestée récemment par les hommes affiliés à l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), qui multiplie les opérations au-delà de la zone déjà sous son emprise.
Les affrontements ont mis aux prises les combattants de l’EIGS et un certain nombre d’acteurs encore mal définis, compte tenu de la difficulté d’accès à l’information dans cette région désertique.
Mais des jihadistes rivaux du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaïda) faisaient partie de leurs adversaires, selon les sources de l’AFP. La nature de la relation entre les combattants du GSIM et des autres adversaires de l’EIGS n’a pu être précisée.
Le GSIM est très implanté dans les brousses de Talataye. Olivier Dubois, le journaliste français enlevé à Gao en 2021, s’y était rendu en vue d’un entretien avec le commandant du GSIM de Talataye.
Des combattants du groupe pro- gouvernement Mouvement de salut de l’Azawad (MSA) et d’ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui ont combattu l’Etat malien avant de signer un accord de paix en 2015, sont aussi présents dans la zone.

« Les gens de l’EIGS sont arrivés cet après-midi sur des motos, les combats ont duré trois heures », a dit mardi soir à l’AFP un combattant du MSA qui a pris part aux combats avant de se replier et qui a été joint par téléphone satellitaire.
Les combattants de l’EIGS « ont pris Talataye » au crépuscule, a-t-il dit.
Un élu local a confirmé à l’AFP que « la mairie de Talataye et la ville » étaient mercredi matin aux mains de l’EIGS. Talataye consiste essentiellement en une agglomération de hameaux où vivent des milliers de personnes.
Un responsable sécuritaire à Gao a confirmé des affrontements « entre groupes jihadistes ».
Tous s’exprimaient sous le couvert de l’anonymat pour leur sécurité et en raison de la sensibilité de ces questions.
La zone de Talataye, comme une grande partie du pays, échappent de fait au contrôle de l’Etat. L’armée malienne a dit mardi soir dans un communiqué avoir conduit une « reconnaissance offensive » par avion au-dessus de Talataye.
La junte au pouvoir depuis 2020 au Mali ne cesse d’affirmer avoir acculé les jihadistes à la défensive.
« Grâce aux actions offensives menées, nos forces armées ont remporté des victoires décisives contre les groupes obscurantistes. Ces actions ont également permis à l’Etat de réaffirmer son autorité sur une grande partie du territoire national », déclarait ainsi mardi le chef de la diplomatie, Abdoulaye Diop.

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