S’il y a un fait qui est indéniable, c’est que la configuration de l’Assemblée nationale va drastiquement changer dans cette 14e Législature qui va débuter dans les prochaines semaines. Alors que l’inter-coalition YAW-Wallu est créditée d’au moins 82 députés, selon les premiers résultats issus des différentes Commissions départementales de recensement de votes (CDRV), la majorité absolue se joue sur le fil entre l’opposition et la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar. Mais en attendant les résultats provisoires globaux qui devraient être publiés d’ici vendredi, conformément à l’Article.L.89 du Code électoral, le fait est que chaque siège de l’Hémicycle vaudra son pesant d’or pour faire passer certaines lois dans les 5 prochaines années. Ce qui ne va pas favoriser l’absentéisme tant décrié lors des précédentes Législatures.

En effet, avec 125 députés dans la 13e Législature, la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar avait le monopole absolu de l’Hémicycle. De ce fait, à part quelques sessions extraordinaires qui attiraient l’attention de l’opinion, la majeure partie des plénières offrait une salle quasi-vide avec quelques dizaines d’élus. Les autres avaient plus urgent à faire que de venir défendre les intérêts de ceux pour qui ils ont été élus.

Les menaces de Niasse n’ont eu aucun effet sur les absences depuis 2012
D’ailleurs pour mettre fin à ce « fléau », le président de l’Assemblée nationale du Sénégal depuis 2012, Moustapha Niasse avait plusieurs fois menacé les parlementaires absentéistes. Mais ces menaces n’ont jamais été exécutées. L’absentéisme n’a guère changé chez certains députés de la 13e législature.

En effet, en 2015, lors du vote de budget du ministère de la Promotion des investissements, Moustapha Niasse avait menacé de recourir enfin au système « de pointage pour mettre fin à l’absentéisme des élus du peuple« . Mais rien n’a changé, car deux ans après (en 2017), il est revenu à la charge pour s’indigner contre ce même phénomène.

Encore une nouvelle mesure. Moustapha Niasse qui a invité tous les députés à réduire cette marge d’absence et d’abandon des travaux de l’Assemblée nationale, avait récemment annoncé la mise en place d’une commission ad-hoc.

« Ils arrivent que des députés s’absentent aux séances plénières et réunions de commissions. J’invite tous les collègues à réduire cette marge d’absence et d’abandon des travaux de l’Assemblée. Ce n’est pas normal que les députés assidus fassent le travail des absents. Une commission ad hoc telle que prévue la loi va être proposée pour prendre en charge le dossier de l’absentéisme« , disait-il. 

De la poudre de perlimpinpin. Parce que jusque-là, aucun député n’a été sanctionné pour absence depuis 2012. Des parlementaires contactés par PressAfrik l’ont confirmé. « Il arrive que certains collègues informent le président de l’Assemblée nationale de leur absence ou indisponibilité. Par contre, d’autres non. Ils disparaissent sans pour autant donner les raisons« , a confié un député qui n’a pas souhaité être cité. 

Ces nombreuses menaces de Niasse, selon une source à l’hémicycle, c’était juste pour « calmer les ardeurs » de l’opposition étant donné que la plupart des absentéistes sont des députés du pouvoir. Bon nombre de députés de cette 13e législature se sont illustrés de leur absence. Deux parmi eux n’ont presque jamais mis les pieds à l’hémicycle. Il s’agit de Pape Diop et Farba Ngom, responsable influent de la majorité présidentielle. Tous les deux sont candidats à la 14e législature.

Vers une assiduité forcée

#Législatives2022 - Nouvelle configuration de l'Hémicycle: vers une assiduité forcée des députés

La bonne nouvelle avec cette probable nouvelle configuration de l’Assemblée nationale, c’est que même si la coalition au pouvoir obtient une majorité absolue, ses élus seront obligés d’assister aux sessions pour ne pas se faire damer le pion par les députés de l’opposition. Aussi bien dans les débats-chahuts que dans les votes. Et vice-versa.
Le nouveau président de l’Assemblée nationale n’aura même pas besoin de brandir l’Article 104 du Règlement intérieur pour menacer des députés absentéistes.

Lequel Règlement dit: « Lorsque sans excuse légitime admise par l’Assemblée nationale, un député aura manqué, au cours de son mandat, aux séances plénières ordinaires consécutives, son indemnité parlementaire est immédiatement suspendue. Il lui est notifié qu’il peut être déclaré démissionnaire d’office. L’Assemblée nationale devra toutefois inviter le député en cause à fournir toutes explications ou justifications qu’il jugerait utiles et lui est imparti un délai à cet effet. Ce n’est qu’après examen et rejet desdites explications ou, à défaut à l’expiration du délai imparti, que la démission pourra être  valablement constatée par l’Assemblée nationale ».

Pour rappel, pour qu’une Session puisse se tenir à l’Assemblée nationale le quorum doit être atteint, selon le Règlement intérieur qui le fixe actuellement à 84 députés. « Si, à l’ouverture d’une session, le quorum représentant la moitié plus un des membres composant l’Assemblée nationale n’est pas atteint, la séance est renvoyée au troisième jour qui suit. Ce délai expiré, le quorum n’est plus requis. Dans ce cas, les noms des absents sont inscrits au procès-verbal« , dit l’Article 6 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale.

Les absents donneront forcément tort à leur coalition pour cette 14e Législature. Il faudra être très assidu pour dominer les débats et les votes des lois. A bon entendeur !

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