Dans un entretien accordé à France Football, Boulaye Dia a évoqué plusieurs points dont son intégration en équipe nationale du Sénégal. Quelques extraits.

Le travail à l’usine, quand il a dû mettre sa carrière entre parenthèses pour aider sa famille
«Tu dois contrôler s’il n’y a pas de défauts. Tu dois mettre dans les cartons. Tu poses. Tu as quatre ou cinq machines, tu n’as aucun répit.»
Pas de centre de formation : pas de question à se poser ?
«Franchement, jamais. J’estimais que c’était tôt, que cela ne servait à rien d’être dans un centre à 13 ans. Comme j’avais fait des essais dans des clubs (NDLR : Saint-Etienne et Lyon notamment), je savais que j’avais une visibilité, même à Oyonnax (NDLR : sa ville natale). J’attendais. Je me disais que j’allais prendre le temps.»
«Le contrat pro ? Ce n’était rien encore»
Le déclic pour prendre enfin en main sa carrière
«Je rentre du pays de Galles (NDLR : où il rate un essai en 2017). J’atterris à Genève où étaient mes frères. Sur le trajet, j’appelle Pascal Moulins, l’entraîneur de Jura Sud. On parle pendant une heure. Il voulait savoir si j’étais motivé. Il savait que je voulais venir, mais il ne voulait pas m’appeler ! Il voulait que ça vienne de moi. Je n’étais pas encore prêt, j’étais bien avec mes amis du quartier. Là, on a parlé concret. Ce n’est pas que je refusais de me mettre en danger, mais je n’étais pas motivé, encore. Enfin… Je n’avais pas envie d’aller à Jura Sud car j’y avais déjà fait une année étant plus jeune (NDLR : Il signe finalement à Jura Sud avant de cartonner puis d’être repéré par Reims).»
Quand il signe son premier contrat pro à Reims
«J’estimais que c’était une récompense MAIS que, au fond de moi, ce n’était rien encore. Je ne pouvais pas me reposer sur ça. Je savais que j’allais signer en Pro 2 (NDLR: La réserve du Stade de Reims) en N2. Je suis content car c’est un contrat professionnel mais j’ai tout à accomplir encore.»
Arriver dans le même vestiaire que Sadio Mané, ça fait tout de suite grandir
«Bien sûr que ça compte de côtoyer les grands joueurs. Tu ne peux que progresser et apprendre. (Le Sénégal), c’est mon pays, je l’ai regardé dans toutes les compétitions. L’étape d’après, c’était moi qui faisais partie de cette équipe. Un an avant, je regardais la finale de la Coupe d’Afrique (NDLR : perdue 1-0 face à l’Algérie). J’étais en mode supporter. Supporter de ma nation. Un an après, je fais partie de cette équipe. C’était une belle histoire. Et le fait que je me retrouve dans ce vestiaire voulait dire que j’avais mérité ma place et que c’était une belle récompense.»
Trois buts en L1 lors de sa première saison, sept sur la deuxième, douze pour le moment : une explication majeure à cette progression ?
«L’expérience, déjà, ça joue beaucoup. Je n’aborde pas les matches aujourd’hui de la même manière qu’il y a deux ans et demi. J’ai toujours à cœur de montrer, de confirmer, de faire toujours mieux. Mais il y a une certaine maturité oui. C’est différent. Tu as des responsabilités. Tu as progressé dans certains aspects. C’est un tout. C’est appréciable de voir qu’on progresse. Mais c’est dur de voir que tu as progressé. C’est mieux qu’on te le dise.»
Entre la fin du mercato d’été et le mercato d’hiver, avec ses performances, son nom a trop souvent été évoqué, notamment pour un bon de sortie garantis par ses dirigeants.
«Sans vous cacher, on l’a trop entendu le « bon de sortie » (Il sourit.). Je ne peux pas contrôler la parole des gens. On connaissait ma situation dans le club. Tant que c’était carré, je n’avais aucun souci. Malgré tout ce qu’il se disait, ç’a toujours été droit entre les deux parties.»
«Tu te fais le film du chemin parcouru»
Aurait-il pu partir le 1er février, dernier jour du mercato d’hiver ?
«C’était calme. Ça peut aller vite mais tu sais quand ça va vite. En octobre (NDLR : lors de la fin du mercato d’été), ça pouvait aller vite à la fin. J’étais aux aguets. Mais, là, non. Il y avait des sollicitations mais je savais que ce serait clair.»
Voir son nom associé à des clubs comme Manchester United, le Milan AC, l’Olympique de Marseille laisse-t-il rêveur ?
«Tu te fais le film du chemin parcouru. C’est une nouvelle source de motivation. C’est toujours flatteur, mais il faut rester concentré (…) Il faut prendre son temps. Tu entends trop de choses. Ton nom est partout. Il ne faut pas faire attention.»
Le prix de Boulaye Dia sur le marché des transferts
«Ce n’est pas moi qui fixe le prix. J’entends qu’on fixe le prix par rapport aux performances. Cet été, c’était entre 10 et 15. Cela doit être ça.»
Savoir couper
«Je ne regarde plus trop le foot (Il sourit.). Avant d’être pro, je regardais beaucoup (…) Je regarde tous les résumés. Mais il n’y a que depuis cette saison où je coupe plus qu’avant. Si c’était nécessaire ? Un petit peu. Il faut sortir du contexte. Tu ne peux pas penser tout le temps foot. Il y en a qui le font. Moi, j’ai arrêté. J’essaie de m’occuper différemment. Je me suis marié cette année par exemple. Tu changes. Il faut sortir, découvrir des choses, des nouvelles passions.»
Interrogé, Ismaïl, ami d’enfance de Boulaye Dia, a raconté à FF : « Ce qui a changé chez lui, c’est juste son compte en banque. »
«(Il rit.) Tant mieux qu’on vous dise ça. Je viens de trop loin pour pouvoir changer. Tu te reconnais par rapport à ce que tu as vécu. Je ne peux pas avoir la grosse tête. Cela ne fait que deux ans et demi que je suis là. C’est tout frais. Je n’oublie pas d’où je viens. Je n’ai aucune raison de changer.»

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