Sauf improbable surprise de dernière minute, les sélections africaines engagées dans le sprint des éliminatoires de la prochaine CAN du 24 au 30 mars ne pourront disposer de leurs joueurs basés en France, en vertu d’une récente circulaire de la FIFA liée à la pandémie de Covid…
Le 12 mars à Rabat, toutes les fédérations africaines – moins deux absentes – se sont donné rendez-vous au Maroc à l’occasion de la 43e AG élective de la CAF. Les délégués ont assisté à l’élection… par acclamations de l’unique candidat resté en lice et soutenu par Gianni Infantino, le Sud-Africain Patrice Motsepe, par ailleurs patron des Mamelodi Sundowns. Et deux des candidats qui se sont désistés sont devenus vice-présidents (le Sénégalais Senghor et le Mauritanien Yahya). Étonnamment et alors que les délégations étaient présentes depuis quelques jours, aucune n’a évoqué, sauf peut-être dans l’intimité des coursives, le texte pour le moins restrictif de la circulaire 1749 de la FIFA, datée du 5 février de cette année. Un document qui autorise les clubs à ne pas libérer leurs joueurs sélectionnés hors de la zone UE/EEE si un isolement de plus de cinq jours doit être respecté à leur retour.
Retour trente ans en arrière
Mercredi, les clubs français de L1 et de L2 ont décidé à l’unanimité d’appliquer cette circulaire. De facto, aucun joueur africain sous contrat avec un employeur français n’est autorisé à rejoindre sa sélection, et ils sont pour le moins nombreux. Les fédérations auraient donc contacté les autorités françaises pour obtenir une dérogation à cet isolement. Sans effet a priori. Cette décision rappelle une époque que l’on croyait révolue en Afrique – la fin des années 1980 – quand les fédérations devaient négocier individuellement de gré à gré avec les clubs pour obtenir la libération de leurs joueurs, pour une CAN par exemple. Cela tournait souvent au chantage, les pays s’engageant parfois à laisser rentrer leurs meilleurs éléments entre deux matches d’une CAN. Cela avait naturellement conduit le Président de la CAF de l’époque, Issa Hayatou, à obtenir de la fédération française la signature d’une convention afin de mettre fin à ces marchandages d’un autre temps.
Même sort pour les Africains d’Angleterre ?
Dans le cas actuel, qui occupe les esprits d’une quarantaine de sélectionneurs africains, il semble tout simplement que les fédérations n’aient même pas pris la peine de défendre bruyamment une cause commune devant le président de la FIFA en personne ! Et pourtant, l’enjeu est de taille puisqu’il reste encore de nombreux tickets en jeu pour la phase finale programmée au Cameroun en janvier 2021. Pour l’heure, ne sont en effet qualifiés officiellement que le Mali, l’Algérie, le Sénégal et la Tunisie, outre le pays hôte. Au moment où l’on écrit ces lignes, les coaches sont donc soumis à un terrible casse-tête pour élaborer leurs listes, puisqu’ils s’appuient sur de nombreux joueurs évoluant dans le football français. Qu’en sera-t-il également pour les Africains d’Angleterre, en particulier les icônes de Liverpool, Sadio Mané et Mohamed Salah ?
Une opportunité pour les joueurs moins confirmés
Parmi les 26 éléments convoqués par Aliou Cissé, le boss des Lions de la Teranga sénégalais, douze joueurs ne pourront donc pas disputer les deux matches restants. Les pays francophones sont naturellement affectés. Et dans pas mal de cas, le sélectionneur a dû anticiper en faisant appel à des joueurs évoluant partout sur le continent. Les circonstances du moment offrent donc une chance inattendue à certains joueurs évoluant hors de leurs pays mais en Afrique, voire en Asie, de marquer des points aux yeux de leurs sélectionneurs. En novembre dernier, au plus fort du deuxième confinement en France, les joueurs africains basés dans l’hexagone avaient pu voyager puis rentrer sans problème. Le nombre de cas positifs, à leur retour d’une double journée éliminatoire de CAN, avait été infime (48, sur 4146) avec seulement 30 joueurs affectés et 18 encadrants, soit moins de 1% parmi les testés. Alors, l’Afrique n’a-t-elle pas manqué l’occasion de se faire entendre d’une seule voix face à ce texte qui, de facto, tend à affaiblir le potentiel de nombreuses sélections ? Seules celles composées majoritairement de locaux seront épargnées par les effets de la circulaire, n’est-ce pas le Soudan de Hubert Velud…

Frank Simon

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