Le  monde  rural  victime  d’une  ‘’épidémie’’ due à la spoliation foncière et la mauvaise gestion de l’eau », remarque Modou Diouf, chargé de la communication de l’Union du Monde Rural (UMR), une structure qui regroupe un ensemble d’associations et de mouvements qui se préoccupent du « bien-être » du monde rural sur tout le territoire national. Il précise que « les ‘’laissés  en  rade’’  (paysans)  qui  la  composent étaient éparpillés à travers des structures qui luttaient de façon sectorielle pour la ‘’restauration des libertés’’, ‘’l’équilibre entre le milieu  rural  et  celui  urbain’’,  le  retrait  de  la société autour de la privatisation de l’eau en milieu rural ».

Mais aujourd’hui, se réjouissent Modou Diouf et ses camarades de lutte, « nous  avons  tous  éprouvé  le  besoin  de conjuguer  nos  forces,  pour  que  nos  voix soient beaucoup plus audibles ». L’Union du Monde Rural a mis en relief la « question foncière » qu’elle qualifie d’une « fièvre » qui s’est déjà emparée de plusieurs zones rurales partout au Sénégal, devenues de vifs foyers de tension dont les localités de Tobène, Ndéguélère, Guéréw, Kiniapour, Baladougou, Keur Samba Kane, Sandiara, Nguiguilor, Dodène, Keur Mousseu, Madina Wandifa, Mont-Rolland, avec, parfois, des « attributions  abusives, comme c’est le cas à Mbann, Bocol, FassNgom,  Koussanar,  Makacoulibanta,  Sharéyaa,  Banda  Fassy,  entre  autres ».

La seule cause étant, à en croire M. Diouf, « la gestion nébuleuse des terres du monde rural au profit des puissances d’argent de l’étranger et du Sénégal au détriment des populations (paysans), lesquelles sont toujours  inopportunément  transformées  en ouvriers  agricoles  (journaliers)  sur  les terres de leurs ancêtres (leurs propres terres) ». Et d’exiger de l’Etat « la restitution des terres aux paysans partout où elles ont été accaparées, la délimitation des zones du domaine national, la restitution de la gestion de l’eau aux paysans partout où elle a été expropriée ».

En clair, l’UMR pense que « déposséder le monde rural de ses terres et de ses  infrastructures  hydrauliques  équivaudrait à encourager la pauvreté et l’exode rurale ». Des populations du monde rural qui disent constater que partout « le mal (spoliation foncière) est profond ». Surtout elles ne manquent pas de demander « la suspension de toutes les délibérations nébuleuses, la réalisation d’un audit foncier communal sur tout le territoire national pour faire l’état des  lieux  et  déclarer  comme  nulle  et  non avenue toutes les délibérations n’ayant pas respecté la loi ».

Révolte des populations de Mérina NDakhar contre Aquatech
Pour avoir dénoncé, à travers une marche de protestation, les manquements de la société Aquatech, trois jeunes villageois ont été interpellés récemment et arrêtés. A l’occasion, le porte-parole des populations de 25 villages de la commune de Mérina NDakhar, dans le département de Tivaouane, rassemblées pour la cause, Diatta Ndiaye, avait pensé que les autorités compétentes devraient plutôt s’intéresser à « la mauvaise gestion de la société en question », à laquelle les populations en colère reprochent de « nombreux désagréments », d’« avoir failli à sa mission » et de « priver les populations d’eau avec une canalisation inadaptée et des surfacturations ».

«Aquatech dégage, nous avons besoin de Sen’Eau»
Ce jour-là, la mobilisation était à son paroxysme dans la commune de Keur Mousseu, département de Thiès, où les populations étaient rouges de colère du fait d’une « mauvaise gestion de l’eau ». Sur les pancartes des manifestants on pouvait lire, entre autres : « ‘’Aquatech dégage, il nous faut Sen’Eau’’, ‘’les populations de Keur Mousseu sont assoiffées ». Les populations plaignantes souhaiteraient que « notre réseau soit branché dans celui de Sen’Eau pour tourner définitivement le dos à Aquatech jusque-là société chargée de la distribution de l’eau dans notre commune ».

Les 9 villages du Sud de la commune de Keur Mousseu dénoncent une spéculation foncière
Le foncier demeure une question délicate dans la commune de Keur Moussa. En effet, les populations disent avoir noté « depuis le début de la construction de l’aéroport international Blaise Diagne (Aibd), une extraordinaire montée de la spéculation foncière dans la zone ». Elles citent d’abord le cas de Madame Jacquie Mbaye Diop, l’épouse d’un ancien Ministre sous le Président Abdou Diouf, M. Abdou Aziz Diop. « En 1995, les deux communes de Keur Moussa et Diass avaient attribué respectivement à Madame Jacquie Mbaye Diop respectivement ‘’203 ha 36 à 42 ca’’ et ‘’150 ha’’ (cf. Les délibérations n 5/CR/KM du 28/1995 et n 4-95-102 /CR de Diass du 2/01/1995) à usage agrosilvo-pastoral pour une durée de cinq années ».

Et de remarquer que « non seulement il n’y a jamais eu d’agriculture et la  mise  en  valeur  n’a  pas  était  effective, mais, avec, la complicité du Maire de Keur Mousseu Momar Ciss, Madame Diop S/c de Abdou  Aziz  Diop  a  fait  un  détournement d’objectif en procédant à un lotissement (cf Plan  de  lotissement  2393  parcelles)  des terres qui appartiennent aux habitants des villages de Kessou Khatt, Kathialick, Landou, Toglou et Macky ».

En plus, persistent ces populations dans leurs dénonciations, « le Maire a donné à un certain Ndiogou Ly 22 ha 50 a 00 ca, pour 481 parcelles (cf. autorisation de lotir du 22/01/2019) dans la même zone ». Ils signalent que « celui-ci a obtenu une autorisation de lotir signée le 22 février 2019 ».

Un autre scandale foncier dans la Commune de Chérif Lô
La gestion foncière est à présent au cœur d’une guerre sans merci qui oppose le Mouvement And Taxawou Commune Chérif Lo (ATTC) et son Maire Ousmane Sarr. Les populations dénoncent une « mafia foncière », une « spoliation foncière » dans leur commune. Modou Tine, porte-parole des populations exige des « réponses » par rapport aux interrogations des populations sur cette « gestion foncière ». Et de se désoler : « toutes les requêtes écrites ou orales que le Maire Ousmane Sarr a reçues de notre part, sont classées sans suite ».

Un « mépris total qui a tout l’air d’une méconnaissance de la gestion administrative publique », selon les populations, qui renseignent que « beaucoup de correspondances en bonne et due forme ont été envoyées au Maire pour lui demander une copie de la délibération N° 02/2016 du conseil municipal en date du 26 avril 2016 notamment en son article 27 portant lotissement de tous les villages par voie de lotissement, de la délibération portant sur le lotissement de la zone de Ndiakhaté Amar de la commune de Cherif Lô, mais aussi de la délibération portant sur l’affectation de 40 hectares à Chérif Pencou ».

Une interrogation sur le foncier d’autant plus fondée, aux yeux de M. Tine, que « nous avons constaté que les parcelles n’ont pas été attribuées aux vrais ayants droit, à savoir les populations de Chérif Lo qui ont juste besoin d’un petit lopin de terre pour y abriter un toit. La plupart des actes administratifs issus des délibérations foncières de la commune sont entre les mains de tiers qui n’habitent pas la commune ».

Le Témoin

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