Home ACTUALITÉ États-Unis: au Texas, les universités entre peur et volonté de résistance face aux ingérences de Donald Trump

États-Unis: au Texas, les universités entre peur et volonté de résistance face aux ingérences de Donald Trump

by Admina

Depuis son retour à la Maison Blanche, le président américain et son administration s’emploient à mettre au pas le monde académique. Fin des programmes de promotion de la diversité, menace de couper les financements publics, censure de certains sujets de recherche, tentatives d’influer sur les enseignements, expulsion des étudiants étrangers… Au Texas, un climat de peur règne sur les campus, même si les attaques contre le monde universitaire n’ont pas attendu le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Mais la résistance s’organise, à l’instar de l’université Harvard qui a attaqué lundi 21 avril l’administration Trump contre le gel de subventions fédérales. « J’ai peur, comme tout le monde. Je n’ose plus parler, je n’ose plus critiquer le président de peur que mon statut de résident permanent aux États-Unis soit révoqué » : Gabriella* est étudiante en psychologie à l’université de Houston-Downtown au Texas. Elle a 21 ans, dont 20 passés aux États-Unis, mais elle n’a pas encore la nationalité américaine puisqu’elle est née au Guatemala. Elle a en tête les milliers d’étudiants étrangers qui, depuis quelques semaines, ont vu leurs visas révoqués : rien qu’au Texas, ils sont plusieurs centaines.

Les médias américains ont largement fait état du cas des étudiants arrêtés et menacés d’expulsion pour avoir organisé ou participé à des manifestations pro-palestiniennes sur les campus. L’administration Trump en a fait un sujet de sécurité nationale. « Les étudiants impliqués dans les mouvements pro-palestiniens sont devenus une cible : les services migratoires les enlèvent et les font disparaître. Une de mes amies a vu son visa révoqué et a été condamnée à ce que je qualifierais d’exil politique », confie Sofia*, étudiante pakistanaise rencontrée lors d’une manifestation anti-Trump à Austin.

Mais dans bien des cas, les motifs évoqués sont plus triviaux encore. Naina*, une étudiante indienne de 26 ans, est arrivée aux États-Unis il y a quatre ans. Après avoir décroché un master en ingénierie mécanique, elle travaillait depuis deux ans pour une entreprise américaine dans la région de Dallas, comme l’y autorisait son visa. « Il y a dix jours, j’ai reçu un appel téléphonique de mon université m’informant que mon visa était révoqué, ce qui veut dire que mon permis de travail était aussi annulé, raconte-t-elle dans la cafétéria d’un supermarché indien. Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas eu d’explication. Tout ce qu’on m’a dit, c’est que c’était lié à une activité criminelle. »

Alors, la jeune femme se creuse la tête pour chercher ce qu’on pourrait lui reprocher. « J’ai eu un accident de voiture l’an dernier, personne n’a été blessé, mais il y a eu des dégâts matériels et j’ai été condamnée à une amende de 80 dollars parce que mon permis de conduire était expiré. J’ai eu des excès de vitesse…, énumère-t-elle. Et une condamnation pour un délit mineur, mais la mention devait être effacée de mon casier judiciaire après un stage d’éducation civique. »

Les professeurs étrangers aussi concernés

« Ce sont des motifs parfaitement inhabituels », confirme Matthew Thompson, avocat spécialisé dans le droit de l’immigration à Houston, dont le cabinet a été sollicité par plusieurs de ces étudiants étrangers menacés d’expulsion. « On leur ordonne de quitter le pays pour des histoires d’infraction routière ou pour avoir présenté une fausse carte d’identité : un étudiant de moins de 21 ans qui veut acheter une bière, par exemple. Des choses extrêmement mineures. Et dans moins deux cas sur trois, les étudiants ont été arrêtés, mais n’ont même pas été condamnés. »

Naina espère encore pouvoir contester la décision et poursuivre ses études aux États-Unis. « Mes parents ont hypothéqué leur maison pour payer mes études ici. Je venais enfin de trouver un travail bien payé », se désespère-t-elle. Face à la perspective de recours longs, coûteux et très incertains, beaucoup d’autres étudiants ont préféré jeter l’éponge.

Les professeurs étrangers ne sont pas épargnés, plusieurs cas de révocations de visas ont été signalés dont au moins un au Texas. « Cela devient très difficile d’accomplir mon travail parce que je passe des heures chaque jour avec des gens qui n’ont, en théorie, aucune raison d’être inquiets. Des profs sans histoire qui n’osent plus quitter le pays pour assister à une conférence ou rendre visite à leur famille de peur qu’on ne les laisse plus rentrer. La situation génère beaucoup de peurs. »

D’autant que l’administration Trump a mis fin à une politique qui faisait de certains lieux des sanctuaires : les hôpitaux, les églises et les écoles. « Je n’ai pas connaissance que cette décision ait mené à des raids contre des migrants dans ces lieux à ce stade, mais toutes ces institutions ont été forcées de se poser la question : que fait-on si les services migratoires arrivent et essayent d’arrêter un patient ou un élève ? », explique Matthew Thompson. Sur les campus, professeurs et étudiants étrangers préfèrent donc faire profil bas. Beaucoup ont fait le ménage sur leurs réseaux sociaux et s’interdisent désormais de formuler publiquement certaines opinions.

RFI

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