En se plaçant au cœur d’une procédure judiciaire liée à un héritage, comme un cheveu dans la soupe, Maïmouna Guèye s’est attirée les foudres de la justice. Déclarée coupable d’escroquerie devant le tribunal des flagrants délits de Dakar, cette couturière de 45 ans a été condamnée à quatre mois de prison ferme.
Le procureur avait requis 1 an dont six mois ferme. La défense avait plaidé une application bienveillante de la loi, admettant que la mise en cause a fauté en prenant «des honoraires» alors qu’elle n’a pas le statut qui lui en donne droit.
D’après le récit de L’Observateur, qui a assisté à l’audience, c’est Ousseynou Thiam qui a traîné Maïmouna Guèye en justice. Ce dernier voulait s’opposer à l’expulsion de sa mère, décidée par la justice au profit de son oncle, Ousmane Thiam. Il avait alors sollicité l’intervention de la couturière pour avoir les faveurs de la justice.
C’est que Maïmouna Guèye a fait croire au plaignant qu’elle avait ses entrées au Palais de justice de Dakar. Poussant le bouchon plus loin, elle souffle à Ousseynou Thiam que des magistrats seraient disposés à «l’aider» contre la remise de 3 millions de francs CFA.
Thiam verse l’argent ainsi que d’autres sommes pour un montant global de 6 millions 425 mille francs CFA, si l’on se fie à son décompte. «C’est parce qu’elle me parlait de transport et autres», souligne le plaignant.
La procédure révèlera que Ousmane Thiam s’est servi de faux documents pour obtenir l’expulsion de la mère de Ousseynou Thiam. Ce dernier porte plainte contre son oncle au niveau de la brigade de recherches de Faidherbe et s’en ouvre à Maïmouna Guèye. La couturière lui promet que la procédure peut être diligentée s’il accepte de remettre 1,5 millions au commandant de la Brigade. Ce montant est compris dans le décompte du plaignant fait plus haut.
«Maïmouna Guèye a eu l’audace d’accompagner le plaignant dans ladite brigade pour récupérer la convocation qu’elle est allée remettre elle-même aux héritiers de la famille de Ousmane Thiam», rapporte L’Observateur.
À la barre, la couturière a reconnu avoir pris l’argent du plaignant dans but de l’aider dans le cadre de la procédure judiciaire opposant son oncle à sa mère. Mais, assure-t-elle, «l’intégralité de cet argent tourne autour de 600 000 F CFA». «Tu n’es ni avocate ni huissier ni juge et tu te permets de lui demander de l’argent pour cette procédure», a tonné la présidente de l’audience à l’attention de la plaignante.
La représentante du parquet d’embrayer : «Maïmouna Guèye, vous n’avez pas froid aux yeux. Vous jetez l’opprobre sur l’institution judiciaire. Vous encaissez de l’argent au nom de ces honnêtes magistrats qui sont dans leurs bureaux. Vous les exposez parce qu’ils sont insultés une fois qu’ils sortent alors qu’ils ne sont même pas au courant de ces genres d’actes.»
La couturière a pris 4 mois ferme, un peu moins que la peine requise par le procureur. La sanction a été peut-être atténuée par les déclarations du plaignant au sujet de l’argent à la prévenue : «Elle n’a reconnu que 2 millions. Par la suite, on a jugé le dossier [dans lequel elle jouait à l’intermédiaire] le 3 mars dernier et celui qui avait expulsé ma mère a été déclaré coupable. Maïmouna Guèye et moi avons fait une médiation pénale. Elle a pris des engagements, ce qui fait que je ne lui réclame plus rien.»
Seneweb