Les superlatifs ne suffisent plus pour décrire la situation humanitaire dans la bande de Gaza où la famine s’installe et où la population tente de survivre sous les bombardements incessants d’Israël. Si aucun habitant n’est épargné par le drame qui se déroule, plus d’un million d’enfants dans l’enclave assiégée paient un incommensurable tribut.
« Ce à quoi on assiste aujourd’hui est inimaginable. » Le constat de Jonathan Crickx, porte-parole de l’Unicef de retour de la bande de Gaza, est sans appel. Jamais une guerre n’avait provoqué la mort d’autant d’enfants. Depuis presque vingt mois, et encore plus fréquemment aujourd’hui, des images de corps d’enfants sans vie, ensanglantés, déchiquetés ou pris dans les décombres, sont brandies par les ONG et les journalistes présents dans l’enclave palestinienne. Certains enfants peuvent être ciblés délibérément, comme Mohammed al-Bardawil, 12 ans, tué d’une balle ce 10 mai alors qu’il était en train de pêcher avec son père, rapporte Middle East Eye. Son crime ? Avoir été témoin de l’exécution de 15 ambulanciers et travailleurs de la Défense civile le 23 mars 2025.
En mars, l’ONU affirmait que les femmes et les enfants représentaient « près de 70% » des victimes dans la bande de Gaza. Depuis le 7 octobre 2023, parmi les plus de 53 000 tués, plus de 16 000 sont des enfants. Lors de la reprise des bombardements le 18 mars, plus de 130 d’entre eux, sur plus de 400 morts, ont été tués en un seul jour. L’Unicef alertait déjà en janvier : un enfant est blessé ou tué chaque dix minutes. Et quand ils échappent aux bombardements aveugles israéliens, leur subsistance demeure un enfer quotidien.
Avec les maternités bombardées, c’est aussi la naissance même des enfants qui est en péril. Également lorsque les camions transportant les ventilateurs qui aident les prématurés à rester en vie demeurent bloqués à l’entrée de la bande de Gaza. Sous les bombes, au moins 4 000 embryons permettant des fécondations in vitro ont été détruits, « une guerre contre la fertilité palestinienne », ont conclu des ONG palestiniennes ainsi qu’un groupe d’experts de l’ONU.
Blessures physiques…
En plus de 19 mois de guerre, des milliers d’enfants palestiniens ont été blessés, amputés sans anesthésie dès leur plus jeune âge, ciblés aveuglément, jusque dans les hôpitaux et les écoles transformés en abris. Empêchés de se déplacer à cause des bombardements ou par les déplacements qui leur sont imposés par l’armée israélienne, nombre d’entre eux ne peuvent être soignés dans ce qu’il reste d’infrastructures médicales.
« Parmi les enfants blessés que j’ai vus, il y avait Misk, une jeune fille de 11 ans, se souvient le porte-parole de l’Unicef. Ce sont des rencontres qui sont très difficiles parce que cette petite fille était brûlée au visage, aux bras et aux jambes à cause d’une explosion qui a frappé la maison dans laquelle elle était. Quand je l’ai rencontrée, elle venait d’apprendre que toute sa famille avait été tuée dans cette frappe. Il ne lui restait que sa petite sœur. Et à l’hôpital, il n’y avait plus ni anti-coagulant ni anti-anesthésique pour soulager sa douleur. »
La situation sanitaire affecte bien évidemment la santé des enfants. Le manque d’eau potable entraîne de nombreuses maladies chroniques, dont la diarrhée aqueuse aiguë, qui touche aujourd’hui un quart des cas recensés de maladie à Gaza. Les enfants de moins de cinq ans, pour lesquels cette maladie est potentiellement mortelle, en sont les premières victimes.