Dans leur rapport sur la Liberté et la Démocratie, Freedom House et Democracy Index du bureau d’études londonien The Economist Intelligence Unit (EIU) ont classé le Sénégal aux 71ème et 86ème places. Une position qui pousse à se demander si notre pays mérite encore le label de démocratique…

Le think tank américain et indépendant a mesuré l’évolution des libertés publiques et de la démocratie dans le monde dans son rapport intitulé « Une lutte sans leaders pour la démocratie ». Publié le 11 mars dernier, le rapport de Freedom House a classé le Sénégal à la 71ème place ex-æquo avec la Tunisie. Ce qui n’est pas particulièrement flatteur pour notre pays…

Autrefois vitrine de la démocratie en Afrique, le Sénégal dévisse ainsi de sept points entre 2017 et 2020 et ne fait plus partie des pays « libres », au nombre de 9 seulement en Afrique. Il retombe donc comme l’Inde en 2020 dans le lot des nations « partiellement libres », aux côtés du Malawi (66), Madagascar (60) et du Burkina Faso (54), ou encore des nombreux États qui n’ont pas la moyenne démocratique chez Freedom House, comme le Kenya (48), le Nigeria (45) et la Côte d’Ivoire (44).

Viennent ensuite le Ghana (82), ex æquo avec la Pologne et l’Afrique du Sud (79), trois points de plus qu’Israël. La Namibie et les Seychelles (77) font mieux que le Brésil (74) et le Botswana (72). Le Cap-Vert fait exception à la règle en Afrique avec un score de 92 sur 100, meilleur que celui de la France (90). L’archipel lusophone est suivi par deux autres États insulaires : Maurice affiche le même résultat que la Grèce (87) et Sao Tomé-et-Principe (84) devance d’un point les États-Unis.

Le Mali, pays frontalier au Sénégal, a vu sa note dégringoler de 11 points, passant de 44 sur 100 en 2019 à 33 en 2020, année d’un nouveau coup d’État à Bamako. Le Bénin accuse, quant à lui, le plus net recul, de 14 points, avec un score tombé de 79 à 65 entre 2019 et 2020, ce qui lui vaut de disparaître des dix premières démocraties en Afrique et de perdre le label de « pays libre ».

Parmi les pays dits « non libres », se démarquent certaines des nations les plus peuplées d’Afrique : Éthiopie (22), République démocratique du Congo (20) et Égypte (18). D’autres pays stratégiques, qui jouent des rôles clés dans leurs sous-régions, comme le Rwanda (21), le Tchad (17) ou le Cameroun (16), se distinguent, eux aussi, par leurs penchants autoritaires. Au plus bas, l’Érythrée et le Soudan du Sud (2) se retrouvent entre la Corée du Nord (3) et la Syrie (1).

Le Sénégal absent du TOP 10 africain du Democracy Index…
Un autre classement de référence, le Democracy Index du bureau d’études londonien The Economist Intelligence Unit (EIU), a lui aussi estimé que la « démocratie a connu une très mauvaise année » en 2020, avec un « recul sans précédent dû à la pandémie ». Il révèle à peu près le même palmarès africain, mais dans un autre ordre, en raison de modes de calcul différents et d’une liste plus courte de pays analysés (167, contre 210 pour Freedom House).

Dans ce classement parcouru par Le Témoin, le Sénégal occupe la 86ème place malgré sa longue réputation d’ouverture, de liberté d’expression, de respect du nombre de mandats présidentiels et d’alternances démocratiques. Le Mali accuse le plus fort déclin mondial en 2020. Il perd 11 places et tombe au 111ᵉ rang, juste après le Nigeria et la Côte d’Ivoire. Avec l’Algérie et le Burkina Faso, le Mali passe par ailleurs de la catégorie des « régimes hybrides » à celle des « régimes autoritaires », tombant aussi dans la liste des pays « non libres » de Freedom House.

Explication de l’EIU : « Le Mali n’a pas le plein contrôle de son territoire et l’insécurité rampante a provoqué un coup d’État en août 2020, par des officiers lésés par le manque de progrès contre les insurgés jihadistes. Une junte a mis en place un gouvernement de transition, annulant les résultats des législatives du mois de mars, largement libres et transparentes. »

L’autre grande chute africaine constatée en 2020 est celle du Togo, qui perd 15 places pour se classer 141e, entre Cuba et le Cameroun, « en raison d’une élection profondément entachée d’irrégularités et de la répression de l’opposition qui a suivi ». L’Île Maurice occupe le 20e rang mondial, entre le Costa Rica et le Japon, et reste le seul pays d’Afrique qualifié de « démocratie complète » par l’EIU, au même titre que la Norvège ou la Finlande. Arrivent ensuite, dans la section des « démocraties défectueuses », le Cap-Vert (32ᵉ) et le Botswana (33ᵉ), tous deux classés entre la République tchèque et Chypre.

L’Afrique du Sud (45ᵉ) et la Tunisie (54ᵉ) sont suivies respectivement par la Colombie et les Philippines. Viennent ensuite la Namibie (58ᵉ), le Ghana (59ᵉ) et le Lesotho (64ᵉ), tandis que le Malawi (82ᵉ) et Madagascar (85ᵉ) se hissent dans le top 10, mais font partie des « régimes hybrides ».

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