La Coordination des associations de presse (CAP) du Sénégal a déclaré, mardi, à Dakar, exhorter le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Alioune Sall, à sursoir à son arrêté ordonnant la cessation des activités des médias ‘’non conformes’’ au code de la presse.
M. Sall a donné l’ordre, vendredi, aux médias étant dans cette situation d’arrêter leurs activités. Ceux d’entre eux qui ne respecteraient pas cette injonction s’exposeraient à des sanctions, a-t-il écrit dans un arrêté.
La direction de la surveillance du territoire (DST) va interdire aux médias qui ne se sont pas conformés aux règles du code de la presse d’exercer leurs activités, selon Alioune Sall.
La DST a reçu une telle consigne, selon un document signé de son directeur et joint à l’arrêté du ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique.
‘’Nous voulons que le ministre de la Communication sursoie à cet arrêté visant l’arrêt de plus de 381 médias. Nous sommes convaincus qu’il peut y avoir [une autre] solution’’ que la cessation des activités des médias concernés, a déclaré Socé Ndiaye, l’un des dirigeants de la CAP et président du Collectif des techniciens de l’audiovisuel.
‘’L’État peut même aider et accompagner les entreprises qui ne se sont pas encore conformées aux dispositions du code de la presse’’, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse de la Coordination des associations de presse.
Il est possible de trouver d’autres solutions que la cessation des activités des médias ‘’non conformes’’ au code de la presse, selon Socé Ndiaye.
‘’Nous sommes convaincus que nous pouvons trouver d’autres solutions que la fermeture d’organes de presse. Si on en rajoute à la précarité des médias, ça peut être très compliqué’’, a-t-il averti.
— La fermeture des médias visés par l’arrête ministériel serait ‘’une catastrophe’’ —
Selon la CAP, ‘’381 médias’’ n’ont pas encore satisfait aux critères requis par leur ministère de tutelle pour être autorisés à exercer des activités de presse.
Même s’ils ne se sont pas conformés aux règles du code de la presse, ces médias emploient beaucoup de personnes, ‘’des soutiens de famille’’, a fait valoir Socé Ndiaye, estimant que la fermeture des médias visés par l’arrête ministériel serait ‘’une catastrophe’’.
Le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a publié, le 6 février 2025, une liste de 258 médias ayant satisfait aux critères fixés en vue de leur reconnaissance officielle par l’État.
Vingt-six chaînes de télévision, 28 quotidiens, 30 radios commerciales, 102 radios communautaires, 22 chaînes de télévision uniquement diffusées par Internet et 48 sites d’information sont en règle, avait précisé le directeur chargé de la communication au sein de ce ministère, Habibou Dia.
Selon lui, 639 médias avaient déposé un dossier sur la plateforme ‘’Déclaration médias du Sénégal’’, qui avait été mise en place pour leur enregistrement.
Trois cent quatre-vingt un médias ‘’ne s’étaient pas conformés’’ aux dispositions du code de la presse les autorisant à exercer librement leurs activités, avait-il dit en février.
‘’Ils encourent des sanctions allant jusqu’au retrait de leur signaux ou de leur fréquence’’, s’il s’agit de médias audiovisuels, avait prévenu Habibou Dia.
— ‘’Nous souhaitons nous retrouver autour d’une table pour trouver des solutions’’ —
La CAP réclame, par ailleurs, la réouverture de la plateforme d’inscription des médias, avec laquelle les entreprises de presse font les démarches nécessaires pour être identifiées comme telles et autorisées à dérouler leurs activités.
‘’Nous voulons que la plateforme d’inscription soit ouverte [de nouveau], parce que c’est le seul outil d’enregistrement qu’on peut utiliser pour être reconnu comme un média. Si elle est fermée, ceux qui voudraient créer des médias n’auront pas la possibilité d’enregistrer leur entreprise’’, a expliqué Socé Ndiaye.
La CAP demande aussi au gouvernement de verser le fonds d’aide et de développement de la presse aux ayants droit. Selon ses dirigeants, l’État ne l’a pas versé aux médias depuis deux ans.
La CAP souhaite qu’il y ait régulièrement des ‘’concertations’’ entre les dirigeants des associations de presse et le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique.
‘’Il faut qu’il s’ouvre à nous, que nous nous concertions […] Le ministre n’a reçu les dirigeants de la CAP qu’une seule fois, pour une réunion de prise de contact’’, a soutenu Socé Ndiaye.
‘’Nous souhaitons nous retrouver autour d’une table et discuter des problèmes, des assises des médias et de leurs conclusions, pour essayer de trouver des solutions’’, a affirmé Ibrahima Lissa Faye, le président de l’Association des éditeurs et des professionnels de la presse en ligne, une organisation membre de la CAP.
Faye dit souhaiter que les associations de presse puissent ‘’s’asseoir et discuter de tous les problèmes’’ du secteur des médias avec le ministre concerné, Alioune Sall.
APS