Home ACTUALITE L’Afrique touchée par le cyclone Trump (Par Malick CISS)

L’Afrique touchée par le cyclone Trump (Par Malick CISS)

by Admina

Le monde se cherche depuis que Donald Trump a mis à exécution sa menace d’imposer des droits de douane à presque tous les pays. En attendant une réponse appropriée et coordonnée, ce qui n’est pas évident, chacun affute sa stratégie dans ce début de chaos économique mondial.

Les alliés occidentaux de l’Amérique sont déboussolés, la Chine, qui s’est bien préparée cette fois-ci pour faire face, contrairement au premier mandat de Trump, se dit « prête à aller jusqu’au bout ». En effet, même si Trump minimise les conséquences de sa croisade commerciale à « quelques perturbations », les signes avant-coureur d’un chamboulement planétaire se dessinent de plus en plus, comme l’a illustré la fièvre qui s’est emparée des grandes places boursières mondiales. Pour justifier ce séisme, le président américain présente son pays comme le grand perdant du multilatéralisme, estimant que le reste du monde le soumet à des mesures protectionnistes impactant ses exportations. L’arbitre du jeu, l’Organisation mondiale du commerce (Omc), qui craint une baisse de 1 % du commerce mondial, est marginalisée pendant que Washington foule aux pieds les règles du multilatéralisme.Même l’Afrique, qu’on prenait pour quantité négligeable dans le commerce mondial (le continent ne pèse que 3 % dans les échanges), n’est pas épargnée dans la quête de Trump de réduire le déficit commercial de son pays.

A partir d’aujourd’hui, 9 avril 2025, les produits en provenance du continent seront soumis à des taxes supplémentaires de 10 à 50 %, selon les pays. L’Afrique est aussi coupable que les autres d’avoir un excédent sur les Etats-Unis, aussi modeste soit-il. Les 7,4 milliards de dollars représentant le déficit commercial américain avec l’Afrique, selon l’Office of the United States trade representative, sont insignifiants par rapport aux 157 milliards de dollars avec l’Union européenne en 2023. Mais dans l’esprit de Trump, la logique arithmétique compte plus que le niveau de développement d’un pays pour justifier les droits de douane. Le calcul est des plus simplets : comparer le déficit commercial de marchandises vis-à-vis de chaque pays à la valeur des importations américaines en provenance de ce même pays. C’est ce qui explique que les pauvres Lesotho et Madagascar se retrouvent frappés respectivement de 50 et 47 % de droits de douane. Le premier exporte d’importantes quantités de vanille aux Etats-Unis, mais n’y importe presque rien, donc il se retrouve facilement avec un excédent commercial de 627 millions de dollars. Un coupable à sanctionner sévèrement, selon Trump.

Quant au Lesotho, estime Washington, sa faute c’est d’imposer lourdement à presque 100% les produits américains tout en tirant profit de l’Africa growth and opportunity act (Agoa) ou « loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique ». Promulguée en 2000, cette loi permet aux pays africains éligibles d’exporter des milliers de produits (textile, produits agricoles, minerais, hydrocarbures etc.) vers les Etats-Unis sans s’acquitter de droits de douane. Sans le dire explicitement, Trump vient de signer la mort de l’Agoa (même s’il est tenu de passer par le Congrès pour le détricoter, puisque c’est une loi fédérale) qui, coïncidence, expire cette année-même. Ce sera un coup dur pour les 31 pays éligibles, leurs produits, désormais soumis à des taxes douanières, perdant automatiquement en termes de compétitivité. Le contexte commercial actuel ne laisse aucun choix aux Africains, ils devront diversifier leurs économies.

Mais aussi et surtout créer un marché local qui ira de pair avec une politique hardie de transformation des matières premières pour espérer survivre. Le continent est très loin d’avoir les cartes en main pour se lancer dans une escalade douanière avec la première puissance économique mondiale. Cependant, les entreprises africaines pourraient avoir un avantage comparatif dans certains secteurs en exportant aux Etats-Unis des produits similaires à ceux proposés par la Chine et l’Union européenne qui sont lourdement taxés. Comme l’explique l’économiste luxembourgeois Julien-Briot Hadar, en optant pour le protectionnisme, l’Amérique de Trump pourrait perdre en influence sur le continent au profit de nouveaux acteurs tels que la Chine, l’Inde, l’Union européenne dont les stratégies commerciales sont moins restrictives. malick.ciss@lesoleil.sn

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