Avec la flambée de nouveaux cas de contamination et la multiplication des cas contacts, le nombre de tests atteint des records, provoquant une saturation du système.Teste-t-on trop en France ? Doit-on changer de stratégie ? Ces questions peuvent paraître incongrues alors que la pandémie de Covid-19, relancée par la circulation du variant Omicron, connaît une forte poussée. Mais, confronté à la contagiosité très forte du nouveau variant, donc à davantage de personnes malades et beaucoup plus de cas contacts, ce qui se traduit par un embouteillage sur les tests, le gouvernement envisage une adaptation de sa stratégie. Selon nos sources, une réflexion serait en cours au ministère de la solidarité et de la santé sur une approche « moins exhaustive de la politique de test ». « Il faut voir ce qu’on peut faire pour alléger le poids sur la question des tests, abandonner la surveillance exhaustive pour, peut-être, aller vers une surveillance syndromique, sur des échantillons, mais cette modification ne pourrait se faire que quand la situation sera banalisée », confie, de son côté, le virologue Bruno Lina, membre du conseil scientifique.
Car la flambée épidémique est là. Selon le point de Santé publique France, jeudi 6 janvier, le taux d’incidence était de 1 908 cas pour 100 000 habitants pour la semaine du 27 décembre au 2 janvier, en augmentation de 129 % par rapport à la semaine précédente. A cette déferlante s’ajoutent les nouvelles consignes, qui débouchent sur un recours massif aux tests, dont le nombre atteint un « niveau stratosphérique », selon Bruno Lina, « avec plus de 2 % de la population qui se font tester quotidiennement ». Chaque jour, plus de 1,5 million de personnes se font tester en France.
Dans un communiqué diffusé vendredi, le ministère des solidarités et de la santé évoque, lui, des « proportions inédites ». « Entre le 31 décembre 2021 et le 6 janvier 2022, près de 9,5 millions de tests ont été réalisés, dont 2,06 millions de tests PCR et 6,65 millions de tests antigéniques », précise le ministère, soit une croissance de 25 % par rapport à la semaine précédente. Par comparaison, lors des pics précédents, on a comptabilisé jusqu’à plus de 3 millions de tests hebdomadaires en décembre 2020, et près de 6 millions en août 2021.
Schéma « incompréhensible »
Les records sont largement battus, ce qui s’explique par le recours, obligatoire pour accéder au passe sanitaire et aux diverses activités de la vie quotidienne, aux différents tests : PCR, antigéniques ou autotests. Avec l’arrivée d’Omicron, d’aucuns s’interrogent sur la fiabilité de ces tests au regard de la virulence du nouveau variant, et remettent en cause la stratégie arrêtée par le gouvernement. Ainsi, le syndicat national Les Biologistes médicaux a dénoncé, dans un communiqué, le 6 janvier, un « nouveau schéma de dépistage et de conduite à tenir (…) incompréhensible ». « Le gouvernement demande à faire des PCR quand cela n’est pas nécessaire et ne les propose pas quand cela serait utile pour casser la chaîne de contamination », a expliqué au Monde son président, le docteur Lionel Barrand.