Ousmane Sonko était attendu ce lundi 8 février, à 11 heures à la Section de recherches de la gendarmerie sis à Colobane. Ce rendez-vous manqué fait suite à la plainte déposée par une jeune dame de 20 ans, dénommée Adji Sarr, masseuse de profession à « Sweet Beauty »,  contre le leader de « Pastef les patriotes » pour « viols répétitifs et menaces de mort. »

Mais la veille, le député a déclaré dans la presse qu’il ne bougera pas d’un iota. Brandissant fièrement, son immunité parlementaire et dénonçant le complot dont il serait victime de la part de Macky Sall, président de la République, du ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome et même du procureur de la République Serigne Bassirou Gueye. Mieux, Sonko exige ferme le respect total du processus de la levée de son immunité parlementaire, condition sine qua non pour déférer à une quelconque convocation.

Pour voir de plus près et tâter le pouls des enquêteurs, PressAfrik s’est rendu sur les lieux de la convocation. Tout débute devant le portail peint en bleu blanc couleurs de la gendarmerie, ici rien à signaler. C’est le train-train habituel. Puis quelques rondes à l’intérieur de la section de recherches fait constater que cette affaire d’accusations de viol contre l’opposant le plus redouté du régime de Macky Sall n’est pas prise à la légère. Pour preuve, à l’entrée, la consigne est claire personne n’entre ici. C’est le mot d’ordre. 

La section de recherches se barricade 

Au moment où l’équipe de PressAfrik franchit la porte de la Caserne Samba Diéry Diallo sise à Colobane, deux gendarmes sont en garde. L’un assis sous dans cabine de grille verte, il note des numéros de pièce d’identité des visiteurs. L’autre debout pour superviser les entrées et sorties. Et c’est lui qui interpelle en ces termes.

-Madame vous allez où ?

-Je vais chez le commandant, lui rétorque-t-on poliment

-Le gendarme ne démord pas : Ah oui pour quelle raison ? Vous avez rendez-vous ou une convocation à déférer ? 

-Oui. J’ai un rendez-vous chef.

La réponse ne le convainc pas. Après quelques échanges où toutes les explications y passent pour tenter de franchir la ligne rouge. Le gendarme cède finalement. D’ailleurs, il renseigne : « vous savez aujourd’hui la section de recherches ne travaille pas ».  Ah oui pour quelle raison ? Il répond : «  Vous savez avec l’affaire Sonko nous avons reçu des instructions de ne pas laisser passer de visiteurs », lâche-t-il avant d’indiquer le chemin à prendre pour accéder au service demandé. 

Le commandant n’est pas dans les dispositions de recevoir personne, il a un dossier urgent à gérer 

Après quelques minutes de marche, on s’arrête devant les locaux de la Section de recherches. C’est l’accalmie totale. Une ambiance morose règne sur les lieux. On franchit la porte, personne à l’accueil. On en profite pour prendre les escaliers. Direction chez le bureau du commandant qui a servi la convocation à Sonko. Mais, l’accès n’est pas autorisé. Il faudra patienter quelques minutes à la salle de réception. C’est la règle. Et le secrétariat finit par annoncer notre visite. Sauf que cette fois-ci, ce n’est pas une journée comme les autres. Un dossier qui fait depuis plus de 72 heures les choux gras de la presse fait l’objet de toutes les convoitises de la hiérarchie : accusation de viol contre un leader politique. 

De toute les façons cela n’empêche pas les justiciables de s’enquérir des services de la gendarmerie. Et la salle d’attente le prouve. Il n’est pas vide de son monde. Toutes les places sont assises. Ils veulent tous s’entretenir avec le patron des lieux. Après plus d’une heure d’attente, monsieur Seck, le secrétaire du commandant vient aux nouvelles à ses justiciables. 

Vous cherchez qui ?  questionne-t-il à tout ce beau monde attendant dans la salle d’attente. La réponse est unanime. Tous répondent en chœurs: « le commandant ».  Ça ne sera pas possible, réplique monsieur Seck avant de donner les raisons d’une telle décision. 

 « Le commandant est en ce moment très occupé. Il est appelé sur un dossier urgent qu’il est tenu de gérer », renseigne- t-il sans plus  » Donc vos rendez-vous également sont repoussés à demain. Ou sinon vous voyez avec le commandant Ngom « , s’empressa-t-il d’ajouter.

Douche froide dans la salle d’attente où quelques personnes commencent à vider les lieux. Il ne reste que trois personnes dans le salon. Pour mettre de l’ambiance et ils commentent et dissertent sur l’affaire de massage de Sonko.

Le premier commence à s’y mettre avec des insinuations.  « La femme il paraît qu’on lui a donné de l’argent pour témoigner contre Sonko », Son interlocuteur qui apparemment ne sait rien de l’affaire demande à ce dernier  « Moi je ne comprends pas grand-chose dans cette affaire « .

La discussion est lancée. Chacun y va de son interprétation. Il a deux femmes Sonko, donc il jouit d’une autonomie sexuelle. Je ne crois rien de ce dont on l’accuse. En plus Sonko son côté « Ibadou » il n’a pas osé faire ça »

Le premier qui a ouvert la discussion prend la défense de l’opposant : « Non Sonko est parti pour se soigner ». Le troisième avec qui il converse est au téléphone avec des gens qui sont apparemment sont au domicile de Sonko. Et là on lui rend compte de ce qui se passe là-bas. Parce qu’il ne cessait de dire  » le domicile de Sonko ça se passe comment, il parait que ça chauffe là-bas toi qui est sur place. » 14h et quelques poignées de minutes, l’on quitte la section de recherches de la gendarmerie. Cette fois-ci le gendarme en faction nous fait un signe de la main en guise d’au revoir.

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