La campagne de commercialisation de l’arachide semble au point mort dans la  région de Kaolack où les opérations butent sur le refus des producteurs de vendre leurs graines au prix officiel de 250 FCfa fixé par le Comité national interprofessionnel de l’arachide (Cnia). Les opérateurs qui proposaient un prix plus rémunérateur sont freinés par la mesure de suspension des exportations prise par  l’État. 

Un mois jour pour jour après son lancement officiel, le 23 novembre dernier, la campagne de commercialisation arachidière qui avait connu un départ en fanfare vient de prendre un sérieux coup d’arrêt. En dépit de la production record annoncée, dans les plateformes de réception des graines de la Sonacos de Lydiane ou de l’usineWest-African Oils(Wao), les camions sont aux abonnés absents. Seule éclaircie dans cette grisaille, les installations de Copeol sur les quais du port de Kaolack où une procession interminable de camions entretient l’espoir. « Copeol, contrairement aux autres huiliers, s’est ajustée à la réalité du marché en payant 330 FCfa le kg et les opérateurs se sont tournés vers elle et les exportateurs jusqu’à ce que l’État décide de suspendre les exportations au profit de la seule Sonacos. C’est une situation déplorable qui plombe sérieusement la campagne de commercialisation », s’insurge Cheikh Tidiane Cissé,  secrétaire général de l’Association des agriculteurs du bassin arachidier. Depuis quelques jours, cette structure et d’autres associations paysannes ont mis en place la plateforme dénommée « Aar Sunu Momel » qui s’est donnée comme mission d’aller en croisade contre le « diktat imposé par l’huilerie nationale ». En plus de la suspension des exportations décidée par l’État, la décision prise par la Sonacos d’acheter le kg d’arachide à 285 FCfa a ravivé la tension dans le bassin arachidier. Par exemple, dans le département de Nioro, plus de 20000 travailleurs saisonniers ont été obligés de cesser leurs activités, selon certaines sources. « On ne peut pas comparer les huit millions de paysans vivant essentiellement de cette production et 6000 travailleurs de la Sonacos pour justifier ce blocus. Nous avons initié, au sein de la plateforme, des tournées dans le bassin arachidier pour appeler les producteurs à ne pas vendre au rabais leurs graines, en attendant de meilleures propositions de la Sonacos. Selon les échos qui nous parviennent, ce mot d’ordre est massivement suivi », se félicite Cheikh Tidiane Cissé.

Un triomphalisme qui cache cependant maldes fissures dans la plateforme où certains membres plaideraient pour des pourparlers avec la direction de la Sonacos. C’est l’approche souhaitée par le secrétaire général du Cadre de concertations des producteurs d’arachide (Ccpa), Cheikh Sidi Bâ. Ce dernier prône, en effet, des discussions entre les deux parties pour amener l’huilerie nationale à des efforts supplémentaires pour atteindre la barre des 300 FCfa le kilogramme. Des concertations nécessaires à cause du blocage du marché, car Copeol, par où les opérateurs se tournaient, semble débordée et saturée. Conséquences : la Direction de l’ex-Novasen veutrevenir au prix plancher du Cnia de 250 FCfa. Une perspective qui ne laisse guère le choix aux producteurs et aux opérateurs privés.« Les prix vont progressivement se resserrer avec l’afflux des graines dans les points de collecte. La taxe sur les exportations ne laisse plus de marge de manœuvre aux producteurs qui se sont retrouvés plus d’un mois avec leurs récoltes sous le bras. Cela va être intenable pour eux dans la durée. La Direction de la Sonacos l’a compris en élevant le prix d’achat à 285 FCfa, mais en augmentant substantiellement le taux d’abattement à 2,5 », analyse Saliou Ndiaye, un membre de la Fédération nationale des ppérateurs privés stockeurs  et transporteurs (Fnops/T)

 Élimane FALL 

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