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Bouly Sonko, une icone de la danse sénégalaise

by Admina

La Journée internationale de la danse célébrée chaque 29 avril coïncidant cette année avec les 60 ans du Théâtre national Daniel Sorano, offre à l’ex- directeur du Ballet national ”La Linguère”, Bouly Sonko l’opportunité de replonger dans ses souvenirs en s’attardant sur son parcours et ses espoirs, ses inquiétudes et la place centrale qui revenait à la culture du temps du président Senghor.

C’est dans une maison discrète nichée à Cambérène 1, dans la proche banlieue de Dakar, que Bouly Sonko, 76 ans, reçoit l’équipe de l’APS avec la chaleur des anciens.

Assis dans un large fauteuil, vêtu d’un élégant boubou traditionnel aux teintes sobres, Bouly Sonko, canne à la main accueille ses visiteurs avec un sourire bienveillant.

Dans son salon, sa fille Mamy Sonko, également artiste, venue d’Espagne pour une visite familiale, veille discrètement sur lui. Les rires des petits-enfants dans la grande cour, percent par moments la solennité de l’entretien.

Derrière lui, les murs de son salon sont tapissés de trophées, de médailles et de vieilles photographies immortalisant une carrière exceptionnelle, partagée avec sa défunte épouse, Oumy Sène, décédée l’année dernière. Le souvenir de cette autre légende de la danse sénégalaise plane encore dans la pièce. ” Elle fut une grande danseuse. Nous étions unis par la scène et la vie,” confie-t-il, sa voix se brisant légèrement sous l’émotion. Ensemble, ils ont incarné la fusion harmonieuse de deux cultures, la Casamance multiethnique et le milieu wolof, contribuant ainsi à enrichir le répertoire national.

C’est avec cette voix grave, chargée d’émotions et de sagesse, qui résonne comme un chant que le maitre des lieux s’est prêté au jeu des souvenirs avec sérénité, loin de toute nostalgie pesante.

“La danse, c’est toute ma vie. Elle m’a formé, elle m’a nourri, elle m’a donné une famille,” résume-t-il avec simplicité.

Une vie au service de la culture nationale

Né en 1949 à Santhiaba, dans la commune de Ziguinchor, Bouly Sonko a grandi dans un environnement marqué par les traditions vivantes de cette partie du sud du Sénégal. “Dans mon quartier, on dansait tout le temps, aux baptêmes, aux mariages, aux initiations. C’était naturel, c’était notre manière d’exister,” se souvient-il.

Jeune, il a été fasciné par le Baraka de Kumpo, figure mythique des mascarades diolas, et par la danse rituelle du djiboh, un rythme emblématique du Sénégal oriental. Ce riche héritage culturel façonnera son style et son identité artistique.

”À Santhiaba, mon quartier natal, j’ai été très tôt bercé par les cérémonies traditionnelles et les griots itinérants. C’est là, près du mythique Baraka de Kumpo, que la passion de la danse s’est emparée de moi, comme un feu sacré’, raconte-t-il.

Ce choix de sa vie a été somme toute facilité par la bénédiction de sa mère. Une chose qui a toute sa valeur et son importance dans les sociétés traditionnelles où une règle non écrite veut que l’enfant doit chercher la bénédiction de ses parents pour s’assurer un succès dans la vie.

C’est en 1972 que le jeune danseur prometteur s’est vu repérer par le premier directeur du Théâtre national Daniel Sorano, Maurice Sonar Senghor. Ce dernier neveu de l’homme de culture et président Léopold Sédar Senghor effectuait à cette époque une tournée en Casamance.

Bouly Sonko qui a tapé à l’œil du visiteur finira par rejoindre Dakar la capitale pour exercer son talent.

‘’Mon intégration n’était pas difficile, car je n’avais pas l’impression de changer. Au contraire, j’ai apporté ma culture que j’ai enrichie, et petit à petit, j’ai gravi les échelons en passant de danseur, chorégraphe, puis directeur du Ballet national +La Linguère+ où j’ai encadré et formé des générations de danseurs’’, se remémore-t-il. Non sans fierté qui apparait dans son visage.

Pour une meilleure structuration de la formation artistique

Le parcours de Bouly Sonko est indissociable à l’âge d’or de la culture sénégalaise. Pendant plus de trois décennies, il a sillonné le monde aux côtés du président Senghor.

“A l’époque, la culture avait une place centrale. Senghor comprenait que l’âme d’un peuple réside dans sa culture”, dit-il dans une voix soudainement devenue plus grave.

“J’ai fait six fois le tour du monde. Sous Senghor, la culture était stratégique. Elle n’était pas accessoire. On partait en tournée avec le Président lui-même, dans les plus grandes capitales du monde”, a encore fait valoir l’artiste.

“A l’étranger, nous étions les représentants du Sénégal profond. On nous accueillait avec respect, parce que nous portions l’âme de notre peuple”, a-t-il poursuivi.

L’ancien directeur du Ballet national ”La Linguère” ne manque pas d’insister sur le rôle de la diplomatie culturelle à travers notamment le théâtre et la danse.

Ce période est aujourd’hui de l’histoire ancienne selon Bouly Sonko qui s’inquiète pour l’avenir de son art. “Aujourd’hui, la danse se détériore. Il manque des maîtres pour guider les jeunes”, déplore-t-il, en insistant sur l’importance de la ‘’transmission structurée’’, loin de toute ‘’improvisation débridée’’.

Il plaide également pour une meilleure structuration de la formation artistique, par le biais notamment de la mise sur pied d’écoles solides et des maîtres reconnus.

De son avis, il ne s’agit pas seulement de spectacles improvisés sur les réseaux sociaux, en ce sens que ‘’la transmission se fait par la parole, le regard, le geste corrigé”.

La relève et l’héritage familial

Son regard s’illumine lorsqu’il évoque ses enfants qui sont sur la voie tracée par le papa. Son fils Pape Moussa Sonko, danseur officiel de l’artiste chanteur Youssou Ndour, dirige aujourd’hui le Ballet La Linguère du théâtre national Daniel Sorano. Un poste prestigieux qu’il a eu à occuper. “La relève est assurée. Il a grandi dans les coulisses, il sait ce que c’est danser”, dit-il, en toute fierté.

D’autres membres de sa famille rayonnent entre l’Europe, l’Amérique et l’Australie. Toujours connectés à la danse et à la culture.

‘’Malamine Sonko, artiste comme sa sœur Awa, est aujourd’hui membre honoraire de l’université de Melbourne en Australie, renseigne le père, se félicitant de la manière dont l’héritage familial est préservé.

Il explique également comment la danse et la culture peuvent valoriser le Sénégal au-delà de nos frontières’’.

Cet héritage aussi précieux qu’entretenu nécessité toutefois une dynamique collective pour son portage institutionnel, insiste Bouly Sonko.

Aux fins de son analyse, “un pays sans culture est un pays sans âme’’, appelant à davantage investir dans la jeunesse et à croire en notre propre valeur artistique’’.

Bouly Sonko qui plaide pour un plus de respecter aux anciens dit espérer que l’histoire des pionniers sera mise à l’honneur à l’occasion de la célébration qu’à la du 60ᵉ anniversaire de Sorano,

“Nous sommes encore là. Nous avons beaucoup à donner. Il faut venir nous écouter avant que la mémoire ne se perde,” lance-t-il.

APS

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